Le brut vaut de l’or

Avec plus de 14 milliards de dollars de recettes au premier semestre, la Sonatrach a débuté l’année sous les meilleurs auspices.

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 3 minutes.

Croissance exceptionnelle aux États-Unis et en Chine, reprise économique au Japon et en Asie du Sud-Est, situation géopolitique instable au Moyen-Orient… Autant d’éléments qui ont concouru à maintenir les cours du baril de pétrole à un niveau très élevé, flirtant avec les 40 dollars. Le budget établi par la loi de finances en Algérie avait tablé sur un baril à 19 dollars. C’est dire l’importance du surplus de recettes pour le Trésor public. Grâce à une politique d’investissement industriel entamée au milieu des années 1990, le groupe Sonatrach dispose désormais d’une capacité de production de l’ordre de 1,3 million de barils/jour, entièrement exploitée. Le pays exporte – l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) lui a accordé un quota de 800 000 barils – et assure en grande partie la couverture de ses besoins intérieurs.
En 1999, la Sonatrach et ses partenaires internationaux ont consenti 671 millions de dollars à l’amélioration de l’exploitation des gisements et au développement de l’exploration de blocs prometteurs. Depuis, les investissements frisent la moyenne annuelle de 2 milliards de dollars. Pour ces cinq dernières années, le montant total des investissements dépasse 8 milliards de dollars. Cela devrait augmenter les capacités de production à 1,5 million de b/j, au début du prochain exercice, en 2005. La Sonatrach envisage également de moderniser sa capacité de raffinage. L’outil de production, qui a une moyenne d’âge de vingt ans, a un sérieux besoin de mise à niveau. Les incidents à répétition dans le complexe pétrochimique d’Arzew (à 400 kilomètres à l’ouest d’Alger), l’explosion intervenue le 19 janvier 2004 dans la raffinerie de Skikda (à 300 kilomètres à l’est de la capitale) mais surtout le déficit en matière de production de gasoil contraignent les opérateurs à importer ce produit pour satisfaire la consommation nationale. D’où le besoin de moderniser les sites de production existants et de réaliser de nouvelles unités de raffinage. D’autant que le développement du parc automobile national, avec en moyenne 100 000 nouveaux véhicules (lourds et légers) par an depuis 2000, et la hausse de la consommation des engins et des industries agricoles – l’agriculture a connu une croissance à deux chiffres durant les quatre derniers exercices – se traduisent par une augmentation de la demande énergétique. La Sonatrach et ses partenaires nationaux, Naftal (distribution) et Naftec (raffinage), ont donc planifié un programme d’investissement de l’ordre de 1,2 milliard de dollars entre 2004 et 2006. Une nouvelle raffinerie pourrait être installée à Adrar.
Par ailleurs, la Sonatrach devrait promouvoir la consommation du gaz propane liquéfié (GPL) comme carburant pour les véhicules légers afin de réduire la dépendance à l’essence diesel (gasoil), fortement polluante et dont une partie du volume consommé est importée. Toutefois, ce genre de décision ne dépend pas de la seule Sonatrach mais également d’une volonté politique.
Au niveau réglementaire, le ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, insiste sur la poursuite des réformes du secteur. Il semble toutefois que son projet de code des hydrocarbures ne soit pas encore à l’ordre du jour des réunions parlementaires. On se souvient des passions qui ont entouré ce débat dès l’évocation d’un changement de statut de la Sonatrach, notamment l’hostilité de la puissante Fédération des pétroliers, affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), provoquant le retrait du projet des tablettes des deux Chambres du Parlement. L’UGTA ayant soutenu la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, la partie semble désormais jouable. Le texte concocté par Chakib Khelil sera-t-il de nouveau soumis à la discussion ? Pour l’heure, le programme présenté par le Premier ministre Ahmed Ouyahia n’en fait pas mention, mais rien ne dit que le projet soit enterré. D’autant que le gouvernement est attendu par ses partenaires internationaux sur l’avancée de ses réformes, notamment dans le domaine des hydrocarbures.
En attendant, la Sonatrach poursuit son expansion à l’étranger, notamment au Pérou où elle a investi dans le gisement de gaz de Camisia. Le début de l’exploitation de ce puits est fixé au 5 août 2004.

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