Le bout du tunnel ?

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 3 minutes.

Sept ans après la crise sécessionniste de l’île d’Anjouan, l’Union des Comores dispose enfin, depuis le 14 juillet, d’un gouvernement d’ouverture, au terme d’une réforme entamée depuis plus de cinq années.
Le processus, parrainé par l’Union africaine – une délégation des pays de la région, dirigée par l’Afrique du Sud, a participé aux discussions – et par l’Organisation internationale de la Francophonie, avait abouti à la signature des accords de Fomboni, le 23 décembre 2001, après de longues et difficiles négociations entre les autorités autonomes des trois îles de l’archipel (Anjouan, Mohéli et la Grande Comore) et l’exécutif central présidé par le colonel Assoumani Azali.
Ainsi la République islamique des Comores a-t-elle été transformée en une Union fédérale. Chaque île élit désormais son président et sa propre Assemblée législative, tandis que les structures fédérales sont dirigées par un président élu au suffrage universel. Le Parlement fédéral, qui ne peut être dissous, n’est en revanche pas en mesure de censurer l’exécutif.
Depuis son adoption en 2001, le dispositif institutionnel prévu par les textes n’avait toutefois pas été mis en place du fait du flou persistant dans les attributions et les prérogatives des présidents des îles et du président de l’Union. Les pressions internationales et la volonté du colonel Azali de sortir son pays de l’isolement diplomatique sont venues à bout des obstacles, et des élections législatives ont finalement été organisées en mars dernier. Le scrutin, régulier, a été défavorable à Azali, dont les partisans se sont retrouvés minoritaires à l’Assemblée.
Le 9 juin dernier, Saïd Dhoifir Bounou, député de Mohéli, a été élu à la présidence de l’Assemblée fédérale. Mais le conflit de compétences retardait toujours la constitution du gouvernement, et les consultations n’avançaient pas. Le temps pressait, car la situation sociale tendue, notamment du fait de la grève des enseignants, exigeait des actions de développement impossibles à mettre sur pied avant la constitution d’un gouvernement. Les bailleurs de fonds s’impatientaient. Tout comme les médiateurs.
Le 13 juillet, le président Assoumani Azali a adressé à la nation un message radiodiffusé annonçant la fin des pourparlers : le gouvernement d’ouverture pouvait enfin voir le jour. Sa composition confirme la volonté d’apaisement. Parmi ses membres, les quatre grands courants politiques, dont trois de l’opposition, sont représentés. Seul le président de la Grande Comore, Mzé Abdou Solé El Bak, a refusé d’en faire partie, estimant que les attributions des différents portefeuilles sont encore imprécises. Toutefois, le reste de la classe politique ne désespère pas de le voir prendre en marche le train de la réconciliation et rejoindre le nouvel exécutif à l’instar de Mohamed Abdoulhamid, membre du parti Shuma, dont le leader, le prince Saïd Ali Kemal, était le rival malheureux d’Azali aux dernières présidentielles, en 2002.
Devenu ministre du Développement rural, de la Pêche, de l’Artisanat et de l’Environnement, Abdoulhamid justifie sa décision par la phase délicate que traverse l’archipel : « Nous avons contesté la régularité du scrutin présidentiel, mais aujourd’hui Azali est reconnu par la communauté internationale en sa qualité de président de l’Union. Nous n’allons pas continuer à faire dans l’opposition stérile alors que les attentes de la population sont ailleurs. »
La mise en place de l’exécutif permettra désormais de traiter les dossiers en souffrance : la lutte contre la pauvreté (70 % des 800 000 Comoriens vivent avec moins de 1 dollar par jour), les négociations avec les syndicats, le dialogue avec les institutions de Bretton Woods pour que l’Union soit éligible à l’initiative destinée aux pays pauvres très endettés (PPTE) avec, à la clé, une forte réduction de la dette extérieure.

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