L’Asie malade du sida

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

L’Asie compte aujourd’hui 7,4 millions de séropositifs, et 500 000 personnes meurent de cette maladie chaque année. Jusque-là, à la grande différence de l’Afrique, il restait encore une chance d’y contenir la progression de l’épidémie de sida – du moins dans certains pays – avant qu’elle ne se répande dans toutes les catégories de la population. Cette chance est en train de disparaître. L’épidémie progresse rapidement en Chine, en Indonésie et au Vietnam, où elle a commencé à se diffuser dans l’ensemble de la population.
Selon un rapport publié le 7 juillet par l’Onusida et la Banque asiatique de développement, 10 millions de personnes seront infectées par le virus au cours des six prochaines années, en Asie. Les pertes de revenus de ces malades et le coût élevé que devront supporter leurs familles et l’État pour leur assurer des soins sont estimés à 17,5 milliards de dollars par an d’ici à 2010. Chaque année, le sida fera descendre 5,6 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté au Cambodge, en Inde, en Thaïlande et au Vietnam.
Malheureusement, les responsables politiques n’ont pas suffisamment pris la mesure de la catastrophe qui s’annonce. Il faut qu’ils adoptent une politique cohérente et forte, sans hésiter à parler de la maladie en termes clairs, et qu’ils mettent désormais toute leur énergie et les investissements nécessaires au service de la prévention et du traitement. En outre, il est plus facile – et moins onéreux – de prévenir l’expansion de la maladie au sein de groupes de population ciblés que de tenter de la contenir sur l’ensemble d’un continent.
L’ignorance qui entoure la maladie est quasi générale. L’immense majorité des Asiatiques n’a jamais entendu le moindre message sur la prévention du sida et n’a accès ni aux préservatifs ni aux tests de dépistage.
La Chine ne dispose que de deux cents médecins formés aux pathologies liées au sida. Les autorités chinoises ont distribué des antirétroviraux sans donner aux patients le moindre conseil pour les utiliser : une vraie potion magique pour un virus d’ores et déjà résistant à de nombreux traitements existants !
Les sommes engagées au plan mondial pour la lutte antisida se sont élevées à 4,7 milliards de dollars en 2003. Un budget en forte augmentation par rapport aux années précédentes, mais qui reste bien inférieur aux besoins réels. En 2005, ce sont 12 milliards de dollars qui seront nécessaires.
Ce sont les nations d’Asie qui devraient fournir la plus grosse partie des fonds destinés à leurs populations. Or le Japon ne versera que 100 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme cette année, tandis que la Chine, la Thaïlande, la Corée du Sud et Singapour n’y contribuent à eux quatre qu’à hauteur de 3,7 misérables millions de dollars.

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