La presse en liberté… surveillée

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Placé en garde à vue le 8 juillet, le directeur de la publication du journal Le Citoyen, Maka Gbossokotto, a été inculpé pour « diffamation et injures publiques » et incarcéré à la prison de Bangui. Son arrestation fait suite au dépôt d’une plainte de Jean-Serge Wafio, l’ex-directeur général de la société publique d’électricité Enerca (Énergie centrafricaine). Réputé proche du président François Bozizé, celui-ci avait été limogé en juin après une série d’articles du Citoyen l’accusant de détournement de fonds.
L’arrestation du journaliste a suscité un tollé au sein de la profession. Le Groupement centrafricain des éditeurs de la presse privée et indépendante (Geppic) a suspendu dès le 12 juillet la parution de tous ses titres. Correspondant de Reporters sans frontières, Gbossokotto a également reçu le soutien de l’ONG, qui reproche aux autorités de « renier les engagements pris lors de leur arrivée au pouvoir en mars 2003, en faveur de la dépénalisation des délits de presse ».
Très vite, le débat est sorti du microcosme médiatique et a gagné la classe politique. Sept partis, dont le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) d’André Kolingba et le Parti de l’unité nationale (PUN) de Jean-Paul Ngoupandé, ont condamné d’une même voix l’incarcération du journaliste et exigé sa remise en liberté immédiate. Une manière de réagir à la récente prise de position du régime centrafricain sur la liberté d’informer…

Par deux communiqués en date du 7 juillet dernier, le ministre de la Communication, Parfait Mbaye, a adressé de sérieuses mises en garde aux médias indépendants. Dans le premier, il a dénoncé les « graves dérives constatées ces derniers temps dans certains organes de la presse privée indépendante écrite, dont quelques-uns sont instrumentalisés pour désinformer, manipuler et nuire à l’image des plus hautes personnalités de l’État ». Dans le second, il a menacé les directeurs de publication de fermer leurs journaux si ceux-ci n’avaient pas rempli, au 15 juillet 2004, les conditions d’obtention de l’autorisation de publication, conformément aux termes de la loi relative à la liberté de la communication.
La justice devait statuer le 16 juillet sur la plainte visant Maka Gbossokotto. Mais au-delà de cette affaire, cette soudaine tension entre le régime et la presse privée augure mal du climat dans lequel risque de se tenir la campagne pour les différentes élections prévues d’ici à janvier 2005.

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