Au Maroc, Taqa multiplie les projets

Jorf Lasfar Energy Company, la filiale locale du géant émirati, voit les choses en grand. Après le lancement de deux unités à charbon, elle compte se diversifier dans l’électricité verte.

Le complexe s’étend sur 60 hectares et consomme 5,5 millions de tonnes de charbon par an. © Taqa

Le complexe s’étend sur 60 hectares et consomme 5,5 millions de tonnes de charbon par an. © Taqa

Publié le 20 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

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Gestionnaire de la plus grande centrale thermique d’Afrique du Nord, Jorf Lasfar Energy Company (JLEC) vient d’achever sa méga extension avec la mise en marche de deux nouvelles unités de production d’électricité. Lancé en 2010, le projet est abouti, et les modules quasiment opérationnels. « L’unité 5 fait l’objet d’une exploitation commerciale depuis le 15 avril, après une synchronisation avec le réseau électrique national depuis le 25 octobre 2013. L’unité 6, synchronisée depuis le 5 février, sera prochainement exploitée commercialement », signale une source autorisée au sein de la filiale du géant émirati Taqa.

Hydraulique, éolien, colaire… JLEC est sur tous les fronts.

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Investissement

Pour réaliser cette extension, le groupe a usé de gros moyens : un investissement de 1,6 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros environ), financé essentiellement par de la dette. Taqa a dû mettre tout son poids dans la balance pour décrocher un financement international de 1,4 milliard de dollars, avec la participation de banques japonaise et sud-coréenne. Une première au Maroc.

« Elles ont participé à la transaction pour soutenir leurs compatriotes Mitsui & Co et Daewoo Engineering & Construction, qui ont remporté le contrat d’ingénierie, de fourniture d’équipement et de supervision des travaux d’extension », précise un banquier d’affaires. L’opération a valu à Taqa plusieurs prix internationaux, dont le Power Deal of the Year – Africa 2012 du magazine britannique Project Finance.

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Avec ces deux nouvelles unités à charbon, JLEC devrait porter sa capacité globale à 2 056 MW et assurer près de 50 % de la production nationale d’électricité, contre 38 % fin 2013. Des mégawattheures vendus exclusivement à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) à un prix fixé à l’avance pour une durée de… trente ans.

Une belle opération pour JLEC, qui s’assure ainsi un chiffre d’affaires garanti sur une longue durée. Mais surtout une sécurité pour l’ONEE, qui peine à couvrir à lui seul les besoins nationaux. « La demande en électricité au Maroc croît de 7 % en moyenne tous les ans. À ce rythme, elle va passer du simple au double d’ici à 2020 et quadrupler d’ici à 2030. L’ONEE ne peut satisfaire tout le monde, d’où l’idée de libéraliser le secteur, en permettant à des opérateurs privés comme JLEC de prendre le relais », souligne-t-on chez ce dernier.

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Liée à l’ONEE par un contrat de concession, la filiale gère la centrale de Jorf Lasfar pour le compte de l’État mais n’est en aucun cas propriétaire des installations. Un modèle de partenariat conçu en 1997, quand l’ONEE a confié la gestion de l’usine au groupement composé de l’helvético-suédois ABB Energy Ventures et de l’américain CMS Generation – groupement racheté en 2007 par Taqa…

Énergies renouvelables

Le groupe émirati ne compte pas s’arrêter là et mise désormais sur les énergies renouvelables, un secteur d’avenir dans un pays qui veut porter leur part à 42 % dans son mix énergétique d’ici à 2020, contre à peine 11 % aujourd’hui. Hydraulique, éolien, solaire… La filiale de Taqa est sur tous les fronts. « Nous étudions plusieurs projets. Notre ambition est de transformer JLEC en plateforme d’investissement énergétique et de nous aventurer sur d’autres terrains », déclare le management de JLEC.

Premier projet en ligne de mire : Wind, nom de code d’un méga appel d’offres lancé par l’ONEE en février pour la construction de cinq parcs éoliens d’une capacité totale de 850 MW. JLEC y a répondu en partenariat avec Nareva, filiale énergétique de la Société nationale d’investissement (SNI, holding royal), et l’italien Enel Green Power. Le consortium devra croiser le fer avec d’autres géants mondiaux du secteur comme Mitsui, Enercon, Siemens et EDF. Verdict avant la fin de l’année.

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