Abidjan marie gaz et vapeur

Pour optimiser ses réserves d’hydrocarbures, la Côte d’Ivoire investit dans la technologie du cycle combiné. Deux projets d’extension de centrales illustrent cette stratégie.

À la fin des travaux, Ciprel sera la centrale à gaz la plus puissante d’Afrique subsaharienne francophone. © Sia Kambou/AFP

À la fin des travaux, Ciprel sera la centrale à gaz la plus puissante d’Afrique subsaharienne francophone. © Sia Kambou/AFP

Publié le 19 juin 2014 Lecture : 4 minutes.

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La Côte d’Ivoire réaffirme son rôle de pôle énergétique sous-régional. Au cours de ces trois dernières années, elle a multiplié les projets de centrales thermiques, en mettant l’accent sur la technologie du cycle combiné (turbine à gaz et turbine à vapeur).

Si, dans un premier temps, cette approche vise à renforcer le parc énergétique du pays en augmentant la capacité de production, elle a aussi pour objectif de mettre en oeuvre une démarche de développement durable grâce à la récupération des pertes du système actuel pour produire de l’électricité. De ce fait, le gouvernement règle les difficultés d’approvisionnement en gaz naturel de ses centrales. Vital pour un pays dont la production d’électricité est dépendante à 79 % de l’énergie thermique.

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Projets

Deux projets majeurs illustrent cette stratégie : les extensions de l’usine d’Azito (zone industrielle de Vridi, à l’ouest d’Abidjan), exploitée par l’anglais Globeleq Energy, et de celle de la Compagnie ivoirienne de production d’électricité (Ciprel), détenue à 83 % par le groupe français Finagestion, contrôlé par le capital-investisseur panafricain Emerging Capital Partners (ECP). « Le gouvernement a pour objectif de faire de la Côte d’Ivoire un pays autosuffisant en production électrique et un exportateur net d’énergie électrique dans la sous-région, avec une capacité de 1 540 MW, qui devrait passer à 3 000 MW en 2018 et atteindre 4 000 MW à l’horizon 2020 », a expliqué le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, qui a inauguré, le 24 janvier, la sixième turbine à gaz de Ciprel et a aussi posé la première pierre de la prochaine turbine à vapeur.

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Ces deux chantiers représentent un investissement de 343 millions d’euros. Après la construction de la turbine de 111 MW, portant la capacité installée à 432 MW, la seconde phase du projet baptisé Ciprel IV doit aboutir à l’installation d’une turbine à vapeur. Cette dernière récupérera la combustion des turbines existantes et fonctionnera sans gaz supplémentaire.

À la fin des travaux, l’an prochain, la capacité de production passera à 543 MW. Ciprel sera la centrale à gaz la plus puissante d’Afrique subsaharienne francophone. Sa durée de vie est estimée à vingt-cinq ans pour 200 000 heures de fonctionnement.

La centrale d’Azito, deuxième du pays par la taille, prépare elle aussi son passage en cycle combiné. Lancés en octobre 2011 par le chef de l’État, Alassane Ouattara, les travaux de l’extension dénommée Azito 3 prendront fin en 2015. Le projet vise à améliorer le rendement actuel de la centrale par la récupération de l’énergie rejetée sous forme de chaleur dans les gaz d’échappement chauds des deux turbines, qui développent une puissance respective de 140 MW et 150 MW.

L’ajout de ces deux chaudières et celui d’une turbine à vapeur à condensation permettront à Azito de passer de 290 MW à 420 MW, soit une augmentation d’environ 50 % de sa capacité. Cette technique n’impliquera ni nouvelles sources de combustion ni une hausse de la consommation de gaz. L’investissement est estimé à 317 millions d’euros.

Pionnière

La Côte d’Ivoire programme la construction, d’ici à 2020, de trois autres centrales à cycle combiné. L’américain ContourGlobal, avec la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci), prévoit d’installer une unité de production de 330 MW à Abatta (banlieue d’Abidjan), pour 457 millions d’euros. L’israélien Telemania et le français Mimran réaliseront quant à eux deux centrales d’environ 380 MW chacune, pour respectivement 514 millions et 183 millions d’euros ; le premier à Songon, près d’Abidjan, et le second à Jacqueville, où se situent les champs offshore gaziers.

Pionnière du cycle combiné en Afrique francophone, la Côte d’Ivoire inspire ses voisins anglophones, désireux de limiter leur consommation d’hydrocarbures dans le but de produire une énergie meilleur marché. Ainsi, au Ghana, la centrale d’Aboadze (ouest du pays) passera d’une capacité de 220 MW à 330 MW grâce à une technologie identique à celle de Ciprel et Azito.

Le Qatar et la Guinée équatoriale, futurs fournisseurs

La rareté du gaz naturel a conduit Abidjan à limiter les projets de centrales thermiques d’électricité. La production ivoirienne, qui a augmenté de 20 % en 2013, a atteint 75 129 millions de BTU (British Terminal Unit). Elle risque désormais de plafonner. Pour compléter l’approvisionnement des centrales d’Azito et de Ciprel, l’État a déjà eu recours à la Société ivoirienne de raffinage (SIR), qui produit du Distilate Diesel Oil (DDO), un combustible de secours, mais très onéreux.

L’État a entamé des négociations avec le Qatar pour la mise en oeuvre d’une stratégie d’approvisionnement via un projet de construction, en pleine mer, d’un terminal flottant de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié. En attendant de conclure, la Côte d’Ivoire pousse, avec la Guinée équatoriale et le Ghana, à la création d’une compagnie commune de gaz qui permettrait à Malabo d’approvisionner les deux autres pays. Car l’entrée en production des nouveaux champs gaziers identifiés au large de la Côte d’Ivoire ne permettra pas à Abidjan d’être autosuffisant.

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