L’affaire Sidya Touré
Le 14 juillet dernier, pour la deuxième fois en quinze jours, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Conakry, saisie par l’opposant Sidya Touré, a reporté sa décision concernant l’annulation de la procédure engagée contre le leader de l’Union des forces républicaines (UFR).
À l’appui de leur requête, Me Christian Sow et ses confrères ont fait remarquer à la cour que la seule commission rogatoire délivrée dans l’affaire reposait exclusivement sur « une fausse déclaration en douane » relative à des tracts de l’UFR – confisqués en novembre 2003 dans le port de Conakry – mettant en cause Ibrahima « Capi » Camara, responsable du parti pour la région parisienne (voir J.A.I. n° 2257). Depuis l’inculpation de Sidya Touré pour complot et tentative d’assassinat du chef de l’État, le 27 avril, aucune autre pièce n’a été versée au dossier, pas même le film de ce fameux dîner parisien, organisé par l’homme d’affaires français Christian Lestavel, au cours duquel quelques responsables de l’UFR auraient évoqué le renversement de Lansana Conté. Motif de cet « oubli » : aucun élément filmé ou enregistré n’est admis comme preuve par le code de procédure pénal guinéen.
Restent deux éléments : un compte-rendu d’interrogatoire du colonel Mamadouba Camara alias Toto (inculpé pour avoir assisté au dîner parisien) signé du commissaire Bakary Termite Mara, directeur du bureau guinéen de l’Association internationale de la police criminelle (Interpol), et de Kerfalla Camara (chef d’état-major adjoint de l’armée), dans lequel le colonel mettrait en cause Sidya Touré. Toto conteste de bout en bout ce « témoignage » qu’il n’a pas contresigné. Le second document est une transcription du contenu du film effectuée par Mara. « Cet élément n’a aucune valeur juridique, indique Me Sow. Même si, par magnanimité, on concédait le film comme preuve au gouvernement, il ne serait nullement opposable à notre client. Sidya Touré n’y figure pas, il n’a pas pris part à ce dîner au cours duquel, soit dit en passant, n’a été commise aucune infraction. » Avant d’ajouter : « M. Touré demeure donc sous contrôle judiciaire, confiné, empêché de voyager et d’avoir la moindre activité politique, sur la base d’un dossier vide. »
Si l’affaire n’avance pas, son coût ne cesse de s’accroître, jusqu’à avoisiner aujourd’hui le million d’euros.
À bout de patience, une vingtaine de femmes membres de l’UFR ont pris l’initiative de rencontrer le ministre de la Sécurité, Moussa Sampil, et son homologue de la Justice, Mamadou Sylla. Objectif de leur démarche : « Leur demander de stopper toute poursuite contre [leur] leader, ou de le déférer sans délai devant un tribunal. »
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