Thomas Konditi : « GE peut aider les entreprises africaines à prendre une envergure mondiale »
À Calabar, l’usine nigériane de General Electric, prévue pour 2016, se veut un modèle d’accompagnement des fournisseurs locaux. Rencontre avec le directeur financier du géant américain pour l’Afrique subsaharienne, Thomas Konditi.
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Depuis juillet 2011, Thomas Konditi supervise au niveau financier les opérations subsahariennes de General Electric (GE). Entré il y a vingt ans au sein du groupe américain, ce diplômé du Strathmore College (Nairobi), détenteur d’un MBA de l’université Washington de Saint-Louis, a passé une grande partie de sa carrière aux États-Unis et au Brésil avant de retourner en Afrique. Désormais, il aide GE à intégrer des entreprises locales parmi ses fournisseurs. Une politique qui doit accompagner la montée en puissance du groupe dans les pays émergents.
Au Nigeria, le projet d’usine de Calabar (250 millions de dollars, soit environ 185 millions d’euros), destinée entre autres à la fabrication de turbines et d’équipements pour le secteur pétrolier, doit être un modèle du genre et générer 2 300 emplois, dont 2 000 parmi les fournisseurs locaux. Quelque 800 millions de dollars supplémentaires seront débloqués dans les cinq ans. Explications.
Propos recueillis par Nicholas Norbrook (The Africa Report)
Jeune Afrique : Vous faites de la production locale une priorité. Quelle est votre stratégie ?
Thomas Konditi : Nous allons annoncer la mise en place de chaînes d’approvisionnement ou d’usines d’assemblage dans cinq pays. Notre usine de Calabar servira de plateforme pour le développement d’un réseau de fournisseurs. La majeure partie du travail sera prise en charge par des sociétés nigérianes. L’objectif n’est pas d’embaucher un millier de personnes, mais de créer de la richesse en accompagnant un fournisseur dans le développement de son activité. Ce dernier vendra sa production à GE, mais aussi à cinq ou six autres entreprises mondiales. Nous ne créons pas seulement des emplois, nous intégrons les industriels locaux à la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Nous allons nous installer en Angola, et songeons à l’Éthiopie.
Comment une telle démarche s’accommode-t-elle de l’exigence d’embauche locale ?
Ne me dites pas combien de personnes je dois recruter, dites-moi quel objectif vous visez. Il y a environ deux mois, avec Jeff Immelt, notre directeur général, nous sommes allés au Kenya, en éthiopie, au Mozambique et au Nigeria. « La nouvelle responsabilité sociale des entreprises, dit-il, c’est d’accompagner le développement des PME. Nous n’allons pas financer la recherche médicale sur le choléra. En revanche, nous sommes des spécialistes des systèmes d’approvisionnement et nous pouvons aider certaines entreprises locales à devenir des fournisseurs d’envergure mondiale. »
Où en est le chantier à Calabar ?
L’usine sera fonctionnelle en 2016 et approvisionnera les secteurs pétrolier, gazier et énergétique. Nous venons d’embaucher la première vague de salariés nigérians, que nous formons à la construction des équipements. Nous nous sommes rendus sur de nombreux salons dans le monde pour rencontrer des fournisseurs, comme l’américain Parker Hannifin [spécialiste des technologies du contrôle et du mouvement].
« Venez approvisionner notre usine de Calabar avec des ressources locales, leur avons-nous proposé.
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« Venez approvisionner notre usine de Calabar avec des ressources locales, leur avons-nous proposé. Vous allez apprendre le métier à nos partenaires nigérians, et GE soutiendra financièrement le processus et vous garantira les achats. » Quand tout sera en place, Parker Hannifin aura un chiffre d’affaires assuré, et le fournisseur nigérian, une usine locale agréée.
Et en dehors du Nigeria ?
Nous allons construire une usine similaire d’une valeur de 250 millions de dollars dans le nord de l’Angola, et nous songeons également à l’Éthiopie. Nous sommes d’ailleurs en train de mettre en place une usine de distribution en partenariat avec Ethiopian Airlines, pour permettre un approvisionnement en quarante-huit heures maximum – quand aujourd’hui, en Afrique, tout est à une distance de quatre à huit semaines.
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