Crise en Libye : ONU et UA en conclave à Oyo

Réunis durant deux jours à Oyo sous l’égide du président congolais Denis Sassou N’Guesso, les représentants de l’ONU et les chefs d’État africains ont convenu des modalités d’organisation d’une conférence interlibyenne en juillet prochain à Addis-Abeba.

Denis Sassou Nguesso (d.) et Cyril  Ramaphosa. © Valery Sharifulin/TASS/Sipa USA/SIPA

Denis Sassou Nguesso (d.) et Cyril Ramaphosa. © Valery Sharifulin/TASS/Sipa USA/SIPA

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Publié le 13 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

Alors que les négociations interlibyennes autour d’un cessez-le-feu durable patinent, le Congo accueille durant deux jours à Oyo – à 400 km de Brazzaville – la première réunion du groupe de contact UA-ONU sur la Libye.

La principale décision prise lors de la réunion concerne les modalités de l’organisation d’une conférence interlibyenne, annoncée de longue date et toujours reportée du fait de l’aggravation de la crise sur le terrain. Elle devrait ainsi se tenir à dans la capitale éthiopienne et siège de l’UA Addis-Abeba, en juillet 2020, alors qu’Alger s’était proposé pour accueillir l’événement.

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Composition équitable

Les discussions ont également tourné autour de la composition de la commission préparatoire de la conférence de réconciliation. L’hôte de l’événement, le président congolais Denis-Sassou-Nguesso, qui dirige le Comité de Haut-niveau de l’Union africaine sur la Libye a insisté lors de son discours d’ouverture sur la nécessité d’une « composition équitable de cette instance (…) chaque acteur concerné devant se reconnaître dans cet organe, levier incontestable de la renaissance libyenne. »

Une approche trop centrée sur les têtes d’affiche que sont Fayez al-Sarraj et le chef de l’armée libyenne Khalifa Haftar est vouée à l’échec

Le président congolais a notamment évoqué l’importance d’associer « les chefs des tribus et des villes » libyens. En coulisses, les diplomates congolais jugent qu’une approche trop centrée sur les têtes d’affiche que sont Fayez al-Sarraj et le chef de l’armée libyenne Khalifa Haftar est vouée à l’échec. Ageli Abdulslam Breni, le président du Haut conseil des villes et tribus libyennes, un organe proche des cercles kadhafistes selon nos informations, est d’ailleurs un habitué de la capitale congolaise, où il s’est rendu à plusieurs reprises sur l’invitation de Denis Sassou-Nguesso.

La réunion a en autres rassemblé le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président tchadien Idriss Déby Itno. Invité et pressenti, le président égyptien Abdelfattah el-Sissi a finalement envoyé son conseiller spécial pour les affaires de défense Sedki Sobhi. Lui aussi invité, le président algérien Abdelmajid Tebboune s’est fait représenter par son Premier ministre Abdelaziz Djerrad dans la localité congolaise. La délégation sud-africaine, outre le président sud-africain, comprenait la ministre des Relations internationales Naledi Pandor et la ministre de la Sécurité d’État Ayanda Dlodlo. En amont de la réunion, Cyril Ramaphosa a reçu à Pretoria le chef du gouvernement libyen, Fayez al-Sarraj.

Dialogue pour la paix

Le continent entend jouer un rôle plus intensif dans la médiation entre les parties libyennes

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Du côté des institutions intergouvernementales, la délégation onusienne était dirigée par la Brésilienne Maria Luiza Ribeiro Viotti, chef de cabinet du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, accompagnée de l’Américaine Stephanie Williams, représentante spéciale de l’ONU pour la Libye en attendant la nomination d’un nouvel émissaire après la démission du Libanais Ghassan Salamé le 2 mars. Le président tchadien de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a également pris part aux discussions.

C’est la seconde rencontre sur la Libye en moins de deux mois que le Congo accueille, après le rendez-vous de Brazzaville le 30 janvier. Le continent entend jouer un rôle plus intensif dans la médiation entre les parties libyennes, alors que les discussions autour du prochain émissaire de l’ONU pour la Libye ont fait émergé plusieurs noms, dont celui de l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ou encore celui du Mauritanien Mohamed El Hacen Ould Lebatt. Ce dernier a notamment été le médiateur de l’UA sur la crise soudanaise, une mission dont il s’est acquitté avec succès. Quel qu’il soit, le prochain émissaire des Nations unies pour la Libye devrait être africain. Le mandat de Ghassan Salamé a en effet été marqué par des dissensions entre l’ONU et l’UA, la dernière reprochant à la première de ne pas tenir suffisamment compte de son approche de la crise libyenne.

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