Banque : les prêts syndiqués ont le vent en poupe

Pour soutenir la croissance des grandes entreprises et financer des grands projets, les établissements financiers se regroupent de plus en plus. Un partage des risques bienvenu.

Standard Bank et Standard Chartered contrôlaient 13 % du marché des financements communs en 2013. © Benoit Decout/REA

Standard Bank et Standard Chartered contrôlaient 13 % du marché des financements communs en 2013. © Benoit Decout/REA

Publié le 20 juin 2014 Lecture : 4 minutes.

Leur valeur a presque triplé en trois ans ! De 11,3 milliards de dollars (8,5 milliards d’euros) en 2010, les prêts syndiqués destinés à financer la croissance des grandes entreprises subsahariennes ont atteint 27,7 milliards de dollars en 2013. Fourni par un regroupement de banques – et non par une institution financière unique -, ce type d’opération a un objectif principal : répartir le risque de défaut de paiements entre plusieurs organismes. Une banque chef de file, « l’arrangeur », apporte la plus grande partie de la somme prêtée et joue le rôle d’administrateur.

Plusieurs facteurs expliquent l’essor de ce marché ces trois dernières années. « D’une part les opportunités se sont multipliées en Afrique, dans un contexte de croissance et de progression de l’activité des entreprises. Une dynamique elle-même liée à l’amélioration de la situation macroéconomique du continent. D’autre part, plusieurs acteurs du marché – en particulier les banques internationales – sont en quête de rentabilité et ont de plus en plus le goût du risque », avance Steven Loubser, gestionnaire de portefeuilles au sein de l’équipe crédit Afrique chez Investec.

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JA2788p0676info3Avantages

Premières bénéficiaires de cette nouvelle tendance, les entreprises nigérianes : en 2013, elles ont emprunté plus de 13 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu’en 2012. L’envolée du crédit syndiqué au Nigeria est portée par quelques sociétés, au premier rang desquelles figure le groupe Dangote. À lui seul, ce conglomérat a contracté en 2013 un prêt de 3,3 milliards de dollars auprès d’un regroupement de banques locales et internationales pour financer la construction d’une raffinerie de pétrole. Coût estimé : 9 milliards de dollars. Et Dangote, qui est aujourd’hui la plus grande société du Nigeria, a annoncé son intention d’emprunter 2,2 milliards de dollars supplémentaires.

 

Plus récemment, en février, c’est le nigérian Oando qui a obtenu un prêt d’une valeur de 800 millions de dollars pour financer l’acquisition de blocs pétroliers détenus par l’américain ConocoPhillips. Le consortium de prêteurs comprenait des banques locales, qui ont fourni 350 millions de dollars, et des établissements internationaux – dont Standard Bank, BNP Paribas et Standard Chartered -, qui ont apporté 450 millions de dollars.

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Sur le continent, l’industrie du crédit syndiqué est dominée par les Sud-Africains. « Les grands établissements du pays, comme Standard Bank, Rand Merchant Bank et Nedbank, sont inondés de liquidités, ce qui leur donne un avantage », soutient Steven Loubser.

Chefs de file

Du côté des groupes européens, c’est la britannique Standard Chartered qui mène la danse, mais elle n’est pas seule. BNP Paribas joue également un rôle important dans le secteur, précise l’analyste financier Aly-Khan Satchu, ajoutant qu’il s’attend à voir l’anglais Barclays renforcer sa présence sur le marché dans les années à venir.

En 2013, Standard Bank et Standard Chartered Bank contrôlaient près de 13 % du marché. D’autres établissements comme Zenith, FirstRand ou Ecobank détiennent des parts moindres. Quant à Citibank, qui figurait régulièrement dans le top trois des chefs de file en Afrique entre 2010 et 2012, elle a perdu des parts l’année dernière. Toutefois, Jim Cowles, directeur général de la zone Europe, Afrique et Moyen-Orient du groupe américain, a déclaré en février que l’institution financière avait « un nouveau plan stratégique pour l’Afrique subsaharienne », avec l’Afrique de l’Est, le Nigeria et l’Afrique du Sud en ligne de mire. Troisième plus grand organisme de prêt aux États-Unis, Citibank entend investir davantage sur le continent, où les fusions et acquisitions ne cessent de se multiplier.

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Bénéfices

Selon les données collectées par l’agence Bloomberg, ce n’est pas seulement la valeur des prêts concédés qui est en hausse en Afrique subsaharienne, c’est aussi leur nombre : en 2010, quelque 28 prêts syndiqués y ont été accordés. Un chiffre passé à 39 en 2011, puis à 56 l’année suivante, pour atteindre 60 en 2013.

« Tous ces éléments prouvent la formidable croissance du marché du crédit syndiqué, s’enthousiasme Aly-Khan Satchu. L’Afrique ne manque pas de projets ayant besoin de financements, et la perspective de jolis bénéfices fait que les banques désireuses d’offrir ces prêts ne manquent pas non plus. »

Ainsi, « outre au Nigeria, ce genre d’opérations financières [prêts syndiqués] se multiplie dans les économies africaines – au Kenya par exemple. Les chefs de file sont en majorité des banques internationales parce que les structures locales ont moins de capacités, et parce qu’il est probablement moins coûteux d’emprunter sur les marchés internationaux, explique Ronak Gadhia, analyste de la zone Afrique pour la banque d’investissement Exotix. Ce sont les économies les plus prospères et les plus dynamiques comme le Ghana et le Botswana qui s’engagent dans ces financements communs. Mais l’arrivée d’autres pays sur ce marché n’est qu’une question de temps ».

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