Dérapages verbeux

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Qu’est donc devenu le légendaire flegme britannique ? Les Kényans, blessés, se le demandent après les inopportuns propos assénés par le haut commissaire Edward Clay, à l’occasion d’une rencontre organisée par la British Business Association of Kenya, le 13 juillet, à Nairobi. Sous prétexte de fustiger la corruption et les tergiversations du gouvernement de Mwai Kibaki, au pouvoir depuis décembre 2002, le diplomate n’y est pas allé avec le dos de la cuiller. Contrairement aux habitudes acquises durant les années où Daniel arap Moi saignait le pays à blanc… Tout en reconnaissant les progrès accomplis jusqu’alors, Edward Clay a notamment déclaré : « De toute évidence, ceux qui tiennent les rênes aujourd’hui au sein du gouvernement ont l’arrogance, l’avidité et peut-être un sentiment désespéré de panique qui les poussent à se gaver tels des gloutons. Ils espèrent peut-être que nous ne verrons rien, que nous ne remarquerons rien, ou que nous pardonnerons un peu de gloutonnerie parce qu’ils professent leur goût pour les déjeuners d’Oxfam. Mais ils se trompent en imaginant que nous ne dirons rien si leur gloutonnerie les conduit à vomir sur nos chaussures. » En cause, notamment, le scandale de la firme Anglo Leasing and Finance Ltd évalué à plusieurs millions de dollars et dans lequel seraient impliqués des membres influents du gouvernement…
De vagues excuses n’y changeront rien. S’inquiéter des lenteurs en matière de lutte contre la corruption, exprimer sa déception ou rappeler des promesses électorales, tout cela serait, dans le fond, acceptable. Et même bienvenu dans un bon nombre de pays où le silence est de rigueur. Mais y mettre les formes reste du devoir d’un ambassadeur qui ne représente pas l’ensemble des bailleurs de fonds. En particulier quand ce dernier, avant d’être l’hôte, fut le colon. Et surtout quand des centaines de combattants mau-mau cherchent toujours à obtenir compensation pour ce qu’ils subirent durant la guerre d’indépendance du Kenya. Tout comme 650 Kényanes originaires des régions de Dol Dol, Archer’s Post et Wamba, dans le centre du pays, qui auraient été régulièrement violées par des gurkhas britanniques en poste sur place…

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