Des juges égyptiennes

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 1 minute.

D’ici à deux mois dix femmes égyptiennes – et peut-être un plus grand nombre encore – seront nommées juges : c’est le ministre de la Justice qui vient de l’annoncer. Pour la première fois depuis les temps pharaoniques, les femmes de ce pays atteignent des postes aussi élevés.
Elles sont entrées par la petite porte, se contentant il y a quelques années d’emplois de clercs que les hommes leur concédaient très généreusement. La première fois qu’un président de cour d’appel demanda pour elles des sièges de magistrats, de vives protestations s’élevèrent parmi les hommes. « La place d’une femme est à la cuisine », entendit-on dire. On brandissait l’islam et on trouvait diabolique que les femmes pussent hausser leur esprit jusqu’à juger leur prochain. C’était contraire aux coutumes ancestrales, disait-on, et cela ferait rire ; personne ne prendrait au sérieux ces dames qui, étant, c’est bien connu, trop émotives, ne pourraient jamais jouer leur rôle avec la dignité afférente à la fonction.
Puisque les adversaires en appelaient à la coutume, les défenseurs des femmes invoquèrent l’ancienne Égypte, où de belles reines, aujourd’hui immortalisées dans la pierre, régnèrent de mère en fille, où d’autres femmes furent grandes prêtresses, d’autres supervisèrent les finances, voire la recherche scientifique ou ce qui en tenait lieu.
Le christianisme et l’islam reléguèrent ensuite et pour longtemps les femmes à la cuisine et aux champs. C’est seulement en 1929 que des jeunes Égyptiennes entrèrent pour la première fois à l’université. La révolution de 1962 et l’industrialisation qui suivit donnèrent une très forte impulsion à l’émancipation féminine. La magistrature est le dernier volet important d’une conquête professionnelle qui a gagné d’abord le professorat, la médecine et les métiers d’ingénieurs.

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