Dans la cour des grandes

Trois Tunisiennes et deux Libanaises participent à la Route d’Elissa.

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Le 29 août, les Tunisiennes Fériel Chakroun, Aïda Zarrouk, Khouloud Jaoui et les Libanaises Liliane Smayra et Caren el-Chawa devront laisser leurs appréhensions sur le quai de la marina de Beyrouth, enfiler leurs pantalons et leurs vestes de quart et franchir le bastingage des First 40.7, les bateaux de course qu’elles ne quitteront plus pendant douze jours. Soit la durée prévue de la Route d’Elissa, première course féminine à la voile et contre les vents en Méditerranée, qui reliera Tyr à Carthage.
Intégrées aux équipages professionnels dirigés par des skippeuses de renommée internationale, les trois Tunisiennes et les deux Libanaises prendront, pour la première fois, le départ d’une course professionnelle au large. Étudiantes pour la plupart, elles ont été choisies par Najib Gouiâa, l’organisateur de la Route d’Elissa, et les fédérations de voile pour participer à la régate. « Je tenais absolument à ce que, pour cette course qui relie le Liban et la Tunisie, il y ait sur chacun des bateaux des navigatrices issues de ces pays-là », explique Gouiâa. Car son but n’est pas seulement d’organiser une manifestation sportive supplémentaire, mais bien de réconcilier les Méditerranéens avec leur histoire et de faire valoir le sport comme un élément d’intégration et un véhicule de culture. Les cinq femmes ont répondu positivement à l’appel. « C’est une chance énorme, explique Fériel, amatrice chevronnée. Quand on m’a appelée pour me proposer de faire la course, j’étais enchantée. Ensuite, j’ai commencé à avoir peur. Il va falloir assurer sérieusement. » Pas question de rater un réglage de voile ou de perdre une minute pour faire le point, sur une embarcation de course où chaque erreur peut être fatale au classement final. « J’espère que les skippeuses nous laisseront une chance de montrer ce qu’on vaut », explique Fériel, qui navigue depuis toute petite sur le bateau de ses parents à Sidi Bou Saïd.
Pour mieux les préparer à la course, les organisateurs leur ont offert, en juin, une semaine de stage à l’École nationale de voile (ENV) à Quiberon, en Bretagne, un organisme normalement réservé aux professionnels. « C’était extrêmement formateur et, surtout, ça nous a redonné confiance », reconnaît la jeune Fériel. « En plus, on a vu la marraine de la course, Catherine Chabaud. Je n’aurais jamais pensé la rencontrer un jour », avoue-t-elle, encore sous le charme de la première femme à avoir réalisé un tour du monde en solitaire et sans escales.
Après la Route d’Elissa, les cinq femmes retourneront à la « vie civile ». Une parenthèse presque irréelle. Mais Fériel, Aïda et Khouloud ont déjà prévu de refaire un stage à l’ENV. Avant même le coup de feu du départ, la Route d’Elissa a déjà un peu changé leurs vies.

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