C’est la faute au marchand de kebabs

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Le fameux Lord Butler, qui vient de présenter un rapport sur l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne en Irak, n’accorde pas d’interviews. Il a bien voulu faire une exception pour L’intelligent, au motif que notre envoyé spécial avait lui aussi « fait » Harrow et Oxford. Extraits de l’entretien :
– Votre Lordship, comment se fait-il que dans cette affaire irakienne les services de renseignements british se sont fourré le doigt dans l’oeil ?
– Par manque de moyens, nos espions se sont contentés de mettre sur écoute tous les bouis-bouis de Londres qui étaient tenus par des Irakiens.
– Et alors ?
– Et alors, Ali de Knightsbridge s’étant vanté au téléphone qu’il pouvait préparer une centaine de shoarmas en quarante-cinq minutes, de mauvaise traduction en faute de frappe, on en est arrivé à l’affirmation selon laquelle l’Irak pouvait déployer en quarante-cinq minutes des armes de destruction massive.
– Ah, d’où les fameuses quarante-cinq minutes évoquées par Tony Blair aux Communes… Mais au fait, ces armes-là, personne ne les a trouvées ? Elle n’existent pas ?
– C’est la faute à Mohamed, le gargotier de King’s Road. Il appelle son frère à Bagdad, et voilà les deux zigotos à parler avec effroi de la grosse Badra. Il s’agissait de leur belle-mère, mais nos James Bond ont confondu avec la grosse Bertha de la Première Guerre mondiale, vous savez, ce super-canon allemand…
– Je sais, je sais. Mais quand même, les dépôts d’armes chimiques ? Le MI5 a publié des photos !
– Oui, mais c’était des bidons de harissa. La différence n’est pas énorme.
– Pourquoi a-t-on cru que les Irakiens allaient accueillir les soldats de la coalition avec des fleurs et des youyous de joie ?
– Ça, c’est à cause de Ghazi, le marchand de falafels de Russel Square. Il proclamait au téléphone son amour de Mirikan et de Lingliz. Pouvions-nous savoir qu’il s’agissait de limonade américaine et de bière anglaise pour arroser ses maudits falafels ?
– Et les prétendus liens entre Saddam et el-Qaïda ?
– Ah, ne m’en parlez pas… Il s’agissait d’un flirt par téléphone entre Saddam de Chelsea et Al Kaima, une luronne de Bradford.
– Dites-moi, si je comprends bien, les services de renseignements, le Premier ministre, les diplomates, tout le monde s’est trompé. Ils vont tous démissionner ?
– Ah ! Pardon. Vous n’avez justement rien compris. Je viens de vous expliquer qui sont les vrais coupables : Ali de Knightsbridge, Mohamed de King’s Road, Ghazi de Russel Square… On va les f… au violon, pour leur apprendre à tromper nos valeureux services de renseignements.

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