Blair se cramponne au récif
Rien ne va plus entre Londres et Port-Louis. Au coeur de la controverse, l’archipel des Chagos (63 km2) et l’îlot corallien de Diego Garcia (25 km2), à mi-chemin entre Maurice et l’Inde. Le 10 juin dernier, le Foreign Office britannique a adopté subrepticement un décret-loi interdisant aux Chagossiens de retrouver les terres d’où ils furent expulsés au début des années 1970. Seul ennui : les Mauriciens sont très sensibles à la question. Ils considèrent que, lors des négociations d’indépendance de Lancaster House (12 mars 1968), l’amputation de l’archipel fut une concession à la puissance occupante et ils aspirent à y rétablir leur souveraineté.
Les arguments avancés pour justifier l’interdiction de retour dans une zone dont on connaît l’importance stratégique – Diego Garcia est devenu une base militaire américaine, utilisée notamment lors des deux guerres du Golfe – ne sont guère convaincants. Selon des experts anglais, le retour des autochtones ne serait viable ni d’un point de vue écologique ni d’un point de vue économique…
Le Premier ministre Tony Blair – qui a annulé au dernier moment un rendez-vous avec son homologue mauricien Paul Bérenger – campe sur ses positions : pas question de retour ou de rétrocession. Une telle attitude aggrave le courroux de Port-Louis, qui entend recourir à la Cour internationale de justice de La Haye pour solliciter un « avis consultatif ». Les statuts du Commonwealth, dont fait partie Maurice, empêcheraient une telle action ? Qu’importe : « Quitter le Commonwealth… nous briserait le coeur. Mais même le coeur brisé, nous serons obligés de le faire », a déclaré Paul Bérenger le 9 juillet. On n’a pas fini de parler de Diego Garcia…
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