Zidane, les films

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Écossais Douglas Gordon et le Français Philippe Parreno sont deux artistes conceptuels. Leur long-métrage, Zidane, un portrait du XXIe siècle, est une révolution : quatre-vingt-dix minutes dans la tête et les jambes de Zinédine Zidane lors d’un Real Madrid-Villareal, en 2005, du coup d’envoi à son retour solitaire dans les vestiaires. Dix-sept caméras synchronisées et focalisées sur l’artiste, dont deux conçues pour l’armée américaine et qui ont nécessité l’autorisation du Pentagone. Une année s’est écoulée entre l’accord de Zidane et le tournage, neuf mois de montage, le mixage Le projet est unique, le sujet également. Ce qui fait dire à la productrice Anna Vaney : « Si Zidane avait dit non, ce portrait n’aurait vu le jour avec aucun autre joueur. »
Pour certains, le pari – osé – est une réussite totale. Pour d’autres, l’absence de repères habituels (les caméras suivent l’homme et non plus le ballon) gâche tout. Le film a été présenté fin mai au 59e Festival de Cannes au sein de la prestigieuse sélection officielle, hors compétition. Il a été plutôt bien accueilli par les amateurs de cinéma expérimental et d’art contemporain, moins par les amoureux du football, qui ont trouvé l’exercice beau et intéressant, mais bien long pour ce qu’il apporte. Il en est de même dans les salles depuis la sortie de cet hommage au capitaine de l’équipe de France, puisque le succès public est pour le moins mitigé.
Un second long-métrage sur Zidane, dont on ne sait si le grand public le verra jamais sur le grand écran, a également été présenté à Cannes, dans le cadre de la sélection « off » de la Semaine de la critique. L’Équipe de rêve – c’est son titre – est à bien des égards le contraire du film précédent. Réalisé par René Letzgus avec un petit budget, ce documentaire de facture classique, bien que bénéficiant d’interventions du Zidane d’aujourd’hui, n’évoque que les premiers pas de l’artiste du ballon rond, lorsque, à peine adolescent, il était venu faire ses gammes dans l’équipe des jeunes de l’AS Cannes. C’était l’époque – des années avant que le truculent entraîneur de Bordeaux Roland Courbis ne le nomme Zizou – où ses camarades l’appelaient encore Yaz, diminutif de Yazid. Ceux-ci, avec qui il jouait et vivait dans un foyer loin des fastes de la Croisette, sont devenus infirmier, agent d’assurances ou, pour les rares restés dans le football, entraîneurs de petites équipes. Ils ne savaient pas quelle carrière attendait Yaz, mais ils avaient tous repéré son incroyable talent, magnifié par un acharnement au travail que lui seul s’imposait et qui avait attiré l’attention du coach cannois d’alors, Guy Lacombe. La modestie, le sérieux et le cur étaient déjà là, comme en attestent tous les témoignages. Ainsi que la fidélité : Zidane est toujours resté en rapport avec ses compagnons d’alors du centre de formation. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce film sans prétention que de montrer comment le champion perçait derrière le footballeur en herbe, lequel, oubliant qu’il était sur la Côte d’Azur, lieu des plaisirs faciles, cultivait volontiers les valeurs et les qualités humaines qui ont fait ensuite sa gloire et sa popularité.

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