Quand les Clinton se refont une virginité
Pour préserver les chances de Hillary d’accéder à la Maison Blanche, l’ex-couple présidentiel s’emploie à gommer les stigmates du passé.
Que Hillary Rodham Clinton figure en bonne place parmi les candidats démocrates possibles à l’élection présidentielle de 2008 n’est un secret pour personne. Que Bill Clinton ait été le locataire de la Maison Blanche pendant huit ans, de 1992 à 2000, personne ne l’a oublié. Personne n’a oublié non plus les épreuves que le couple a traversées ces années-là. Mais dès que l’ancienne First Lady aura précisé ses intentions de devenir présidente à part entière plutôt que d’en être une seule moitié, les frasques de Bill risquent de remonter à la surface, et avec eux les interrogations sur la façon dont le couple a pu, ou non, rebâtir son équilibre. Tous deux, dans leurs Mémoires à mi-parcours, ont dit tout ce qu’ils avaient à dire du scandale Monica qui amena le président, en 1998, au bord de l’impeachment et à une pathétique confession publique télévisée.
Mais dix ans plus tard, si Hillary part en campagne, pensent leurs amis, les mêmes questions seront à nouveau posées. Pour une Amérique où la relation au sexe est si ambiguë, où la liberté de faire est aussi exaltée que la capacité à s’abstenir, la dissection d’un drame conjugal et la reconstruction d’un couple sont une source d’inspiration qui risque de détourner l’attention des vrais sujets et donc de désavantager Hillary par rapport à des candidats au passé moins visible.
Mais au-delà d’une résurgence de l’affaire Monica, il y a toute une relation de couple qui, au lieu de s’apaiser dans la quiétude, va revenir sous les feux de la rampe, bouleversée par une inversion des rôles. Hillary n’aurait sans doute pas fait son trou au Sénat si elle n’avait goûté aux charmes de la Maison Blanche, et sa candidature ferait moins les titres si elle n’avait pas eu Bill pour mari. Pourtant, le mieux que celui-ci puisse faire aujourd’hui, a-t-il humblement confié à des amis, est de ne pas lui porter préjudice.
C’est la ligne qu’il s’est fixée, évitant de se poser en Pygmalion ou en mentor. Il n’apparaît pas là où elle doit se montrer – en particulier à Washington. Les conseillers de Hillary recommandent une certaine distance en public, car c’est à l’autonomie revendiquée de la future candidate qu’ils attribuent une part de sa réputation sénatoriale construite depuis 2000. C’est bien le problème d’une candidature trop chargée de souvenirs. Il faudra au couple une singulière habileté pour maintenir une distance protégeant Hillary du passé, mais sans escamoter ni l’avantage qu’elle peut tirer de l’expérience de Bill, ni le fait que même comme prince consort, il sera chez lui à la Maison Blanche et qu’il alimenterait autant les ragots en s’en tenant éloigné que les soupçons s’il y était trop présent.
Pour l’instant, ils organisent des vies harmonieusement séparées, en partie parce que leurs occupations divergent, en partie à cause de ces calculs politiques. Hillary assume pleinement ses responsabilités de sénateur de New York. Bill fait des conférences, mais mène aussi un juste combat contre le sida en Afrique ou la pauvreté dans les pays en développement. Selon leurs conseillers, depuis le début de 2005, ils ont passé en moyenne quatorze jours par mois ensemble, parfois dans leur maison de Chappaqua, près de New York, parfois pour une rencontre tardive, en soirée. Au mois de février 2005, ils ne se sont vus qu’une seule fois, le jour de la Saint-Valentin.
Un ami commun, Chris Korge, un démocrate spécialisé dans la collecte des fonds électoraux, est persuadé qu’ils ont surmonté tous les problèmes du passé, même s’il ne sait trop comment. « Il fallait voir Hillary quand Bill lui a acheté récemment une alliance en diamants, raconte-t-il. Son sourire radieux lorsqu’elle disait : Regardez ce que Bill vient de m’offrir !L’important pour elle n’était pas la bague, mais qu’elle venait de Bill. »
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