[Tribune] Algérie : le Hirak au temps du coronavirus

Pour lutter contre la propagation du Covid-19, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé, dans un discours prononcé à la télévision mardi 17 mars, l’interdiction de toutes les marches. Une décision qui divise les militants du Hirak, qui y voient une volonté du pouvoir de mettre fin au mouvement de contestation.

Des manifestants portent des photos de détenus politiques dans les rues d’Alger pour rejeter l’élection présidentielle et protester contre le gouvernement, le 27 décembre 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Des manifestants portent des photos de détenus politiques dans les rues d’Alger pour rejeter l’élection présidentielle et protester contre le gouvernement, le 27 décembre 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

FARID-ALILAT_2024
  • Farid Alilat

    Journaliste à Jeune Afrique depuis de nombreuses années, Farid Alilat est spécialiste de l’Algérie.

Publié le 18 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

« Tous ensemble, mais chacun chez soi. » C’est par cette formule savoureuse que le quotidien italien La Repubblica résume ces moments ou des habitants d’un quartier de Turin ont dansé, chanté et fait la fête chacun confiné sur son balcon ou dans sa terrasse pour cause de coronavirus. Ce slogan « Tous ensemble, chacun chez soi » pourrait parfaitement convenir aux Algériens à l’heure ou débats, controverses, polémiques, accusations et contre-accusations animent les réseaux sociaux et les médias autour du maintien ou non des marches du vendredi et du mardi.

Débat clos par l’intervention télévisée du président Abdelmadjid Tebboune du mardi 17 mars : les rassemblements sont désormais interdits, pour juguler l’épidémie.

Les structures de dépistage du virus étant insuffisantes ou inexistantes, le nombre de personnes contaminées est certainement supérieur aux chiffres officiels

L’Algérie comme ses voisins immédiats du Maghreb et de l’Europe est durement touchée. Ce mercredi, le pays enregistrait 67 cas confirmés et 5 décès. Les instruments et les structures de dépistage du virus étant insuffisants ou inexistants, le nombre de personnes contaminées est certainement supérieur aux chiffres officiels.

Les irréductibles du Hirak

Alors même que le confinement des populations est une mesure impérative pour freiner la progression du Covid-19, des centaines de personnes s’étaient encore donné rendez-vous ce mardi dans les rues. Si la raison, le bon sens, le bon vivre ensemble et l’impératif absolu de préserver des vies humaines prévalaient chez une grande majorité de ceux et de celles qui réclament un changement de régime depuis plus d’une année, des milliers d’autres refusaient de renoncer à leurs manifestations hebdomadaires.

Ni les appels à préserver l’intérêt privé et public, ni les recommandations des scientifiques, ni les appels à la raison du Premier ministre et encore moins les prises de paroles fortes de certaines voix influentes du Hirak n’ont infléchi, à ce jour, la position des marcheurs. Une expression algérienne résume le tout. « Maaza wa law taret (ceci est une chèvre, et qu’elle vole n’y change rien) », dit-on au sujet de ces personnes têtues, imperméables à tout esprit critique.

Ils craignent que l’arrêt, même momentané, du Hirak signe sa mort et consacre la victoire du système

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