[Chronique] Le coronavirus, une « punition divine » contre les Occidentaux, selon une ministre zimbabwéenne
Alors que les scientifiques peinent encore à cerner les tenants du Covid-19, une ministre zimbabwénne dévoile son explication…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 18 mars 2020 Lecture : 2 minutes.
Pour Oppah Muchinguri, les États-Unis et l’Union européenne « doivent sentir les effets du coronavirus pour comprendre » la « douleur » des Zimbabwéens.
C’est lors d’un rassemblement, le 14 mars, à Chinhoyi, dans le nord du Zimbabwe, que la responsable du portefeuille de la Défense a évoqué cette douleur que sa population ressent du fait de sanctions occidentales maintenues, depuis près de vingt ans, contre une centaine de personnes et d’entités juridiques zimbabwéennes, dont l’actuel président Emmerson Mnangagwa.
Oppah Muchinguri ne fait pas que se satisfaire des angoisses occidentales. Elle va plus loin, en affirmant que ce n’est pas un hasard épidémiologique si l’hémisphère nord est actuellement le foyer principal de la pandémie : « Le coronavirus est l’œuvre de Dieu qui punit les pays qui ont imposé des sanctions (…) Ils sont enfermés chez eux et leur économie souffre comme ils ont fait souffrir la nôtre ». Et puisqu’elle évoque le Tout-puissant, elle tire son fil lexical en ajoutant que le président américain Donald Trump comprendra enfin « qu’il n’est pas Dieu ».
Relations Nord-Sud
C’est bien connu : les grandes épidémies révèlent la réalité de la solidarité locale ou internationale et chacun y voit midi à sa porte confinée. Au moment où des frontières se ferment plus ou moins hermétiquement, le coronavirus ne pouvait manquer de s’inviter dans les débats sur les relations Nord-Sud : des relents de xénophobie suintent de compte-rendus de contamination par voyageurs interposés qui « coronisent » l’Afrique ; des rumeurs théorisent une « maladie de Blancs »; il circule même le fantasme d’une ruée de riches migrants occidentaux vers une Afrique largement épargnée…
L’afro-immunité devrait être, justement, un présupposé de la théorie zimbabwéenne de la punition divine. Le plan de Dieu ne saurait permettre une contamination de ceux qu’il entendait venger, mêmes victimes collatérales de voyageurs occidentaux.
Le coronavirus a pourtant été identifié dans 27 pays africains, soit la moitié du continent, de l’occidentale Côte d’Ivoire à l’oriental Soudan, en passant par la « septentrionale » Tunisie et l’australe Afrique du Sud. Le Zimbabwe ne devrait pas être en reste. Au Royaume-Uni, un touriste britannique vient d’être testé positif au Covid-19, quelques jours après avoir visité les chutes Victoria de l’ancienne Rhodésie.
Que Dieu soit à l’origine du coronavirus, ou pas, il est clair que c’est entre ses mains que de nombreux ressortissants d’un continent très croyant remettront leur destin. En évitant, autant que possible, les prières collectives de fidèles agglutinés.
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