Coronavirus : « Ce serait suicidaire pour l’Afrique de ne pas tirer les leçons de ce qui se passe en Europe »

Le professeur Moussa Seydi, qui coordonne la prise en charge médicale des malades au Sénégal, appelle les pays africains à prendre des mesures radicales face à la propagation du Covid-19. Et d’éviter à tout prix que l’épidémie atteigne les mêmes niveaux qu’en Italie et en France.

Le CHU de Fann, à Dakar, en août 2014. © AP Photo/Jane Hahn

Le CHU de Fann, à Dakar, en août 2014. © AP Photo/Jane Hahn

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Publié le 19 mars 2020 Lecture : 5 minutes.

À la tête du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann de Dakar, le professeur Moussa Seydi n’en est pas à sa première crise. En août 2014, c’est son équipe qui avait soigné le seul malade d’Ebola du Sénégal, lors d’une épidémie qui avait fait plus de 11 000 morts entre 2014 et 2016, majoritairement africains.

Avec 34 malades du coronavirus à ce jour [dont deux guéris], répartis entre Dakar, Diamnadio et la ville sainte de Touba, le Sénégal est l’un des pays sub-sahariens les plus touchés, avec l’Afrique du Sud et le Burkina Faso. Si le professeur Seydi semble confiant quant à la capacité du pays à contenir l’épidémie, il alerte sur l’incapacité des pays africains à faire face à des niveaux de contagion similaires à ceux que connaissent de nombreux États asiatiques ou européens.

Jeune Afrique : Le Sénégal a récemment annoncé plusieurs mesures fortes, comme l’interdiction des rassemblements publics, la fermeture des écoles et des universités, ou la suspension de liaisons aériennes. En quoi sont-elles nécessaires ?

Moussa Seydi : Elles ne sont pas nécessaires, elles sont capitales. Les grands rassemblements de populations sont l’un des carburants principaux de cette épidémie. Le coronavirus se transmet à la suite d’une toux ou d’un éternuement, par contact, comme les salutations, ou à travers des surfaces inertes.

Un objet sec peut transporter le virus pendant près de trois heures. Si vous êtes très proche de quelqu’un, vous courrez un risque au bout de cinq minutes. Sans ces mesures, on courrait à la catastrophe. Aujourd’hui, elles permettent de contenir la maladie à Touba et à Dakar.

Beaucoup de fausses nouvelles circulent à propos de cette maladie : elle ne résisterait pas à la chaleur, le Sénégal aurait trouvé un vaccin… Comment s’assurer que les populations prennent conscience du danger et respectent les consignes de sécurité ?

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