L’appel de Brazzaville

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Il n’y a pas si longtemps, c’eût été inconcevable. Pourtant, la réunion des ministres de l’Administration du territoire des cinquante-trois pays membres de l’Union africaine (Brazzaville, 9-10 juin), a bel et bien accouché d’un projet de charte sur la démocratie, les élections et la bonne gouvernance. Le document, âprement discuté, sera soumis aux chefs d’État lors du prochain Sommet de l’organisation, à Banjul (Gambie), les 1er et 2 juillet. S’il devait finalement être entériné, le texte de Brazzaville donnerait un sens à l’Acte fondateur de l’UA, qui insiste sur le respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de la loi et de la bonne gouvernance. Et condamne tout changement de gouvernement qui ne soit pas conforme à la Constitution du pays concerné.
L’un des aspects fondamentaux de cette charte est la volonté de confier l’organisation des scrutins à des structures nationales indépendantes en vue d’en garantir leur neutralité et leur impartialité. Même si certains pays ont objecté qu’il convenait de « tenir compte des systèmes et des expériences prévalant dans chaque pays ».
Les participants à la réunion de Brazzaville n’ont en revanche pu s’entendre sur la question de la révision constitutionnelle, certains pays comme l’Algérie estimant, selon nos sources, que le maintien d’un chef d’État au pouvoir « dépend de l’expression démocratique ». D’autres, au contraire, jugent indispensable de « faire jouer l’alternance » et donc de « prévenir toute tentative de se maintenir indéfiniment au pouvoir » en tripatouillant la Loi fondamentale. Le consensus étant impossible, il faudra recourir à l’arbitrage des chefs d’État à Banjul.
Mais un nouvel esprit est né, qui semble animer les dirigeants africains. Il apparaît clairement que l’heure n’est plus aux faux-semblants, à la langue de bois et à l’unanimisme qui caractérisait la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA). Aujourd’hui, il n’y a plus de sujets tabous. Depuis le Sommet d’Alger, en juillet 1999, chaque fois qu’un coup d’État a été perpétré sur le continent, l’UA l’a toujours condamné et interdit de sommet ses auteurs.
Si la charte sur la démocratie, les élections et la gouvernance est adoptée à Banjul, il est prévu qu’elle entre en vigueur trente jours plus tard. C’est peut-être le début d’une nouvelle ère en matière de gouvernance. Mais entre la rédaction d’une charte, son adoption et le respect de son contenu, la marge est grande.

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