Coronavirus : pourquoi les bourses africaines restent ouvertes

Alors que les Philippines et le Sri Lanka ont suspendu les négociations boursières en raison de l’épidémie de coronavirus, investisseurs et analystes mettent en garde contre les effets qu’aurait une telle décision pour les marchés africains.

Bourse de Casablanca. © Alexandre Dupeyron pour Jeune Afrique

Bourse de Casablanca. © Alexandre Dupeyron pour Jeune Afrique

David Whitehouse © The Africa Report

Publié le 18 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

Depuis la multiplication des cas de coronavirus à l’échelle mondiale, la baisse des cours s’est généralisée, touchant toutes les places financières et tous les secteurs, et deux pays émergents – les Philippines et le Sri Lanka – ont déjà annoncé la fermeture de leur place boursière respective.

Fabian de Beer, directeur des investissements chez Mergence Investment Managers au Cap, met en garde contre la duplication de cette mesure sur le continent : « Dans des contextes de crise, il est tentant de prendre des mesures fortes comme celle-ci. Mais le risque est que cela signale en fait une panique de la part des autorités, ce qui aggrave la peur. »

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Ne pas fermer quand les marchés des pays développés restent ouverts

Selon l’expert, la principale conséquence de la mesure serait une ruée des investisseurs à la réouverture des marché pour vendre leurs participations.

Les marchés ne ferment jamais sous prétexte que les prix montent trop vite

Robert Johnson, professeur de finance au Heider College of Business de l’Université Creighton aux États-Unis, prévient en outre que si les places boursières des pays émergents ferment alors que celles des pays développés restent ouvertes, cela risque « d’entraver l’intégration des marchés émergents dans le système mondial des marchés financiers, en laissant croire que les premiers sont fondamentalement différents des seconds, et en quelque sorte moins appropriés pour les investisseurs ».

Une fermeture nuirait à « la confiance des pouvoirs publics et la croissance économique, deux ingrédients qui ont déjà tendance à faire défaut dans de nombreux marchés émergents », ajoute Harry Broadman, en charge des marchés émergents chez Berkeley Research à Washington, qui met l’accent sur le maintien de la transparence.

« Jeter l’éponge, un acte lâche »

Les bourses mondiales sont restées ouvertes pendant la grande crise financière de 2008. En revanche, les marchés boursiers américains avaient fermé au lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, car de nombreuses sociétés de négoce et de courtage avaient des bureaux au World Trade Center et n’étaient pas en mesure de fonctionner.

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Fabian de Beer souligne que « les marchés ne ferment jamais sous prétexte que les prix montent trop vite, il n’y a donc pas de raison pour qu’il en soit autrement quand ils descendent ».

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« Fermer les marchés équivaut à un acte lâche de jeter l’éponge. Les marchés boursiers africains devraient rester ouverts à tout prix », conclut David Himbara, ancien conseiller du président rwandais Paul Kagame.

Au Maroc, l’Autorité des marchés resserre les seuils de variation des indices

Alors qu’à la Bourse de Casablanca, le MASI, indice global, a perdu plus de 20 % en une semaine, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) exclut, à ce stade, une fermeture de la cote. Elle a en revanche décidé de modifier les seuils de variations des valeurs cotées.

Depuis le 17 mars et jusqu’à nouvel ordre, la variation maximale, à la hausse et à la baisse, du cours d’un instrument financier pendant une même séance ne peut excéder les seuils suivants : 4 % du cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode continu, 2 % du cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode fixing et 2 % du cours de référence pour les titres de créance.

Le gendarme de la bourse de Casablanca espère limiter l’hémorragie et redonner un peu de confiance aux investisseurs. « L’AMMC continuera à suivre avec vigilance l’évolution de la bourse et ne manquera pas d’utiliser les outils dont elle dispose afin de préserver le bon fonctionnement du marché des capitaux », ajoute le régulateur dans sa communication.

El Mehdi Berrada, à Casablanca

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