Ibrahim Thiaw

Cet ingénieur mauritanien des eaux et forêts assure depuis le 1er juin la direction générale par intérim de l’Union mondiale pour la nature.

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

Les mille fonctionnaires de l’Union mondiale pour la nature (plus connue par son sigle anglais : IUCN) ont accueilli Ibrahim Thiaw à bras ouverts. Il est vrai qu’ils ont eu depuis longtemps l’occasion d’apprécier cet ingénieur mauritanien des eaux et forêts qui, le 1er juin, a été nommé directeur général par intérim de l’organisation. Plus de cent candidats se sont déclarés en vue de la succession de l’Allemand Achim Steiner. Et cinq sont en cours de présélection. La décision interviendra avant la fin de l’année.
La mission de IUCN, fondée en 1948 à Fontainebleau (France) afin de réhabiliter le milieu naturel dévasté par la Seconde Guerre mondiale, a, depuis, évolué. Elle englobe désormais tout ce qui, de près ou de loin, concerne l’environnement : l’eau, les forêts, les déserts, les montagnes, les mers, les plantes, les animaux, etc. L’organisation est aujourd’hui le principal défenseur des seize mille espèces animales et végétales menacées de disparition – et donc de la sauvegarde de la biodiversité. Indépendante du système des Nations unies, elle regroupe 82 États (contre 191 pour l’ONU), 113 agences gouvernementales, 800 organisations non gouvernementales et plus de 10 000 experts et scientifiques bénévoles.

Ibrahim Thiaw est né en 1957 dans le village de Tékane, près de Rosso, dans l’extrême sud de la Mauritanie, entre la verdoyante vallée du fleuve Sénégal, les dunes mouvantes du Sahara et le Banc d’Arguin, ce paradis pour oiseaux migrateurs. Une région où les caprices de la nature sont presque une habitude. Au moment d’entreprendre des études supérieures, il hésite entre la France et le Maroc et choisit finalement ce dernier : il intègre l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan-II, à Rabat, puis l’École nationale forestière d’ingénieurs. Son diplôme en poche, il rentre à Nouakchott en 1983. Il sera successivement chef du bureau planification et études à la direction de la protection de la nature, chef du service national de reboisement et de la faune, puis directeur d’un projet baptisé « Réduction des consommations de bois de feu et diffusion des foyers améliorés en Mauritanie ». Mais un autre projet lui tient particulièrement à cur : la sauvegarde du parc naturel du Banc d’Arguin.
En 1989, le conflit « ethnique » entre la Mauritanie et le Sénégal s’exacerbe. Sa famille, pourtant établie depuis générations à Tékane, est expulsée de l’autre côté du fleuve. Lui-même conserve son poste de haut fonctionnaire, mais le malaise s’installe. À la première occasion, il quitte la Mauritanie et rejoint l’IUCN, dont le siège est à Gland, en Suisse.
Le voilà chargé du programme Sahel (1992-1994), du programme Afrique de l’Ouest (1994-1995), puis coordinateur pour l’ensemble du continent (1995-1997). Lors de l’ouverture du bureau régional de l’organisation à Ouagadougou, au Burkina, il en prend la direction et assure la coordination et la mise en uvre des projets concernant seize pays (voir site Internet : www.iucn.org/places/brao). L’un des plus importants concerne la préservation des côtes ouest-africaines. Il intéresse 60 % de la population des sept pays concernés (22 millions d’habitants) et plus de 600 000 emplois liés, directement ou non, à la pêche en mer. D’autres projets ont été menés à bien comme la création des parcs naturels du Diawling, en Mauritanie, et du Djoudj, au Sénégal.

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Installé provisoirement à Gland, Thiaw n’oublie pas son bureau de Ouagadougou, où il travaille activement à la création d’une agence du bassin de la Volta. « La bonne gouvernance de l’eau contribuera à la prévention des conflits », estime-t-il. On sait qu’un différend oppose le Burkina (en amont) au Ghana (en aval) à propos du partage des eaux du fleuve. Quatre autres pays sont concernés : Bénin, Côte d’Ivoire, Mali et Togo. Par ailleurs, il s’efforce de constituer une Coalition mondiale pour les forêts de l’Afrique de l’Ouest, initiative qui devrait aboutir les 3 et 4 juillet, lors d’une conférence multilatérale à Ouagadougou. Marié et père de trois enfants, Ibrahim Thiaw ne chôme décidément pas !

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