Du mauvais usage des médicaments

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Les pays pauvres manquent de médicaments, alors que les riches en consomment trop et mal. En Europe, de nombreux « non-malades » sont soignés comme des malades. Ce qui perturbe leur équilibre psychologique, modifie leur vie sociale et entraîne des dépenses considérables.

Le cas le plus flagrant est l’utilisation injustifiée des antidépresseurs. On « soigne » même parfois par des antidépresseurs les insuccès, les déceptions, les angoisses d’une vie courante et normale. Avec des risques d’accoutumance, voire de toxicité. Prenons un exemple qui, hélas ! nous concerne tous : la tristesse légitime du deuil, même profonde, n’est pas un état dépressif. Et pourtant, de nombreuses personnes prennent alors des antidépresseurs (préventifs !) qui entravent la séquence psychologique du deuil, prolongent la tristesse et peuvent conduire à la vraie dépression. De même, le discret baby blues des mères après l’accouchement est parfois « traité » par des médicaments susceptibles d’aggraver une banale anxiété.

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Quoi de plus naturel pour nous tous que de vieillir ? Et pourtant, que d’argent dépensé pour retarder des rides (qui souvent embellissent l’expression d’un visage), « faire fondre » des bourrelets adipeux ici ou là ou stimuler l’activité physique ou sexuelle de façon déraisonnable, bref, donner le change ! Tout cela en l’absence de maladies de la vieillesse qui, elles, doivent être soignées rigoureusement lorsqu’elles existent. Y compris la vraie dépression qui atteint souvent les « Vieux » lorsqu’ils ne sont pas intégrés dans la vie de la société : c’est souvent le cas en Europe et, fort heureusement, rarement en Afrique.

Des non-malades consomment aussi des médicaments pour « être en forme », éviter « la baisse de régime ». Ne parlons pas du dopage des sportifs qui recherchent les résultats à tout prix, comme le font parfois certains hommes d’affaires « surbookés ». Alors, on consomme aveuglément de coûteuses pilules de vitamines, d’acides aminés, d’antioxydants, de sels minéraux, d’enzymes, de phytonutriments, etc., qu’on pourrait trouver aisément dans l’alimentation. Avec de meilleurs résultats et sans danger. Mais c’est moins cher

L’utilisation de médicaments par des non-malades est favorisée par une publicité faisant état de quelques dizaines de cas suivis pendant un temps limité. Or les essais, pour être valables, nécessitent des centaines de patients comparés à des témoins et suivis pendant plusieurs années. La publicité est plus sournoise quand les « compléments alimentaires » apparaissent dans des films et ne comportent, quelle chance ! que des effets favorables.

En revanche, il est une catégorie de non-malades qui peuvent avoir besoin de médicaments, ce sont les futurs malades : obèses, fumeurs, alcooliques. Ceux-là doivent être conseillés et éventuellement traités pour corriger leurs comportements qui les conduisent à la maladie.

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L’utilisation de médicaments nécessite toujours un examen médical et une réflexion sur ses conséquences possibles, heureuses ou fâcheuses, à court et à long terme. S’ils sont nécessaires, ils doivent être utilisés sans réserve et à dose utile. S’ils ne sont pas nécessaires, il faut s’en passer. Et, surtout, ne pas considérer à la légère que « si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal ».

Beaucoup de non-malades « médicamentés » recherchent moins la santé que le contrôle d’une situation ou la réussite ou l’équilibre psychologique ou le charme. Or ceux-ci dépendent plus de la personnalité et du mode de vie que des médicaments. Heureusement.

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