Coronavirus : des milliers d’étudiants désertent l’Ucad de Dakar
Depuis la fermeture de toutes les écoles et universités lundi, les étudiants ont déserté le campus de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, le plus grand établissement d’enseignements supérieurs du pays. L’heure est aux derniers préparatifs et aux premiers coups de désinfectant.
Derniers empaquetages et premiers coups de propre. Ce mercredi, soit deux jours après la fermeture officielle des écoles et universités du Sénégal pour prévenir la propagation du coronavirus, quelques dizaines de badauds s’affairaient sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Un spectacle inhabituel, pour cet établissement qui brasse d’ordinaire près de 90 000 étudiants venus de toute l’Afrique de l’Ouest.
Sur le béton déserté du terrain de basket, Alle, étudiant en Master d’anglais, a réussi à faire tenir ses affaires entre un sachet plastique de supermarché et un sac de sport bleu nuit. Quelques vêtements, des assiettes et du matériel scolaire qu’il ramène chez lui, dans la commune des Parcelles Assainies à Dakar.
Comme tous les locataires des 17 pavillons existants, il a appris samedi dernier qu’il devait plier bagage, après la décision du président de la République de fermer toutes les écoles et universités du pays pendant au moins trois semaines. Un repos forcé ? « Ce ne sera pas des vacances », tient à préciser ce linguiste de 26 ans, qui compte sur le partage des cours sur l’application mobile WhatsApp pour réviser à la maison et se tenir prêt si les examens ont bien lieu cette année.
Comme lui, ses cinq compagnons de chambre ont déserté. Ceux qui habitent en région ont pu bénéficier d’une centaine de bus mis à disposition par le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). « Nous étions convoqués à 9 heures. Depuis les quatre coins du campus, les bus partaient en direction des différentes régions pour que les étudiants regagnent leurs familles », explique Djiby Sow, doctorant en pharmacie qui a pris part à l’organisation des départs. Il a quitté le pavillon B pour rentrer chez lui en banlieue de Dakar.
Volontaires
Comme un grand nombre d’étudiants en médecine, Djiby s’est porté volontaire auprès du ministère de la Santé pour faire de la sensibilisation afin d’éviter la propagation du Covid-19 au Sénégal. « Comme j’ai une spécialisation en pharmacie, j’ai également préparé des gels hydroalcooliques que je distribue dans mon quartier. Il est important de faire du porte-à-porte pour bien expliquer les mesures d’hygiène », explique-t-il.
Des mesures auxquelles le presque-fantomatique campus n’échappe pas. Depuis le départ des étudiants, les agents du Coud ont entamé un branle-bas de combat sanitaire. Dans les couloirs du pavillon M, une dizaine de femmes récurrent chaque recoin de sol et de plafond à l’eau et au savon.
C’est la première étape : le nettoyage à grandes eaux de tout le campus. Ensuite viendra la désinfection
Sur le seuil du pavillon gris et blanc, quelques sacs de riz et couvertures amoncelées jouxtent le mobilier, sorti pour être astiqué lui aussi. « C’est la première étape : le nettoyage à grandes eaux de tout le campus, maintenant que les chambres sont vides. Ensuite viendra la désinfection puis la réhabilitation de certaines infrastructures, si nécessaire », détaille Mme Thiam, cheffe du département des cités universitaires du Coud.
Précautions
Au milieu d’un escadron de nettoyeurs et d’agents de sécurité méfiants, quelques étudiants retardataires, ayant préféré éviter « les départs en groupe ». C’est le cas de Mohamed, étudiant en droit. « Les rassemblements sont le meilleur moyen de propager la pandémie, je préfère rentrer par mes propres moyens », revendique-t-il.
S’il estime que l’évacuation du campus « était la meilleure chose à faire », le doctorant craint de manquer de moyens pour étudier une fois rentré à Touba Toul, la petite communauté rurale de la région de Thiès, dont il est originaire. « Cela va considérablement restreindre mon accès aux livres et documents dont j’ai besoin pour travailler ». Quant à réviser sur internet ? « Pas avec le réseau qu’il y a chez moi », tranche-t-il.
Si Thiès n’est qu’à un peu plus d’une heure de Dakar, Moutar, lui aussi étudiant en droit, a un peu plus de route devant lui. Originaire de Matam, dans l’extrême nord-est du pays, il n’a pas non plus voulu profiter des bus mis gratuitement à disposition par l’administration universitaire. S’il ne sait pas encore comme il va rentrer, il en est convaincu la distanciation sociale était le choix le plus responsable.
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