Coronavirus : l’armée marocaine sur le pied de guerre
Des rondes pour inciter la population à respecter le confinement volontaire, préparatifs pour la mise en place de structures sanitaires équipées afin de renforcer le dispositif hospitalier, permissions suspendues dans toutes les casernes… au Maroc, les Forces armées royales (FAR) entrent progressivement en action contre le Covid-19.
Début de soirée, au quartier populaire de Hay Mohammadi à Casablanca ce mercredi 18 mars. Un officier des Forces auxiliaires, le corps des Forces armées royales (FAR) le plus en contact avec les citoyens, accompagné d’agents d’autorité crie dans un mégaphone : « Rentrez chez vous ! Soyez conscients, soyez unis ! Ce virus est mortel ! C’est nous-mêmes qui le transmettons ! Ne sortez de chez vous qu’en cas de nécessité ! Que Dieu vous protège et nous protège tous… » Des paroles qui portent à croire que le Maroc est quasiment entré dans le confinement obligatoire, même si le communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l’Intérieur, rendu public quelques heures plus tôt, ne parle que de confinement volontaire.
Les autorités se contentent jusque-là d’accentuer la sensibilisation, avec un grain de dissuasion à l’égard des plus récalcitrants. Mais c’est aussi un tour de chauffe avant de décréter le couvre-feu en cas de nécessité. Une approche progressive et proactive que le royaume a jusque-là adoptée pour la mise en place des mesures indispensables pour limiter la propagation du virus. « Le confinement obligatoire est une hypothèse qui n’est pas à exclure si la situation l’impose », nous confie un sécuritaire. Le roi Mohammed VI lui-même a, quelque part, préparé le terrain en donnant ses instructions pour « prendre toutes les mesures nécessaires, et de se préparer à une nouvelle étape en cas de nécessité ».
Réunion sécuritaire au sommet
Une des décisions phares a été la mise à disposition par les FAR de structures de santé équipées en cas de besoin
C’était lors d’une réunion tenue dans la soirée du mardi 17 mars qui a pris, vu le contexte, des allures sécuritaires. A bonne distance du Commandant en chef des Forces armées royales — gestes barrières obligent — siégeait autour de la table le général Abdelfattah Louarak, inspecteur général des FAR, et le général Mohamed Haramou, commandant de la Gendarmerie royale, en plus d’Abdellatif Hammouchi, directeur général de la Sûreté nationale ainsi que le Chef du gouvernement, le ministre de la Santé et celui de l’Intérieur. Une des décisions phares a été d’ailleurs la mise à disposition par les FAR de structures de santé équipées pour pallier au déficit du système sanitaire, en cas de besoin. Des structures « dont la création avait été ordonnée auparavant par le royaume dans différentes régions du royaume ».
Il y a une semaine déjà, le 10 mars, des photos d’installations sanitaires de l’armée avaient circulé sur le Web. L’agence espagnole EFE les avait alors présentés comme des centres d’isolement destinés à accueillir les ressortissants marocains en provenance d’Italie, seul pays européen avec lequel les liaisons aériennes étaient alors suspendues. Les autorités du royaume avaient démenti l’information, mais sans préciser pour autant qu’il s’agissait d’exercices à dimension réelle, effectués par les FAR — qui étaient déjà en alerte avec la suspension de toutes les permissions.
Une expertise avérée
« La situation actuelle des contaminations ne nécessite pas encore le déploiement de ces structures sanitaires. Et si les citoyens respectent les consignes, nous espérons n’avoir jamais à le faire », explique une source proche du dossier. Mais au cas où il faudrait passer à l’action, les FAR sont déjà rodés. « Nous ne sommes pas la Chine avec sa capacité de construire des hôpitaux en 10 jours, mais nos Forces armées ont déjà une expertise avérée dans le montage d’hôpitaux de campagne », poursuit notre source.
Au niveau international, le Maroc a installé 16 hôpitaux médico-chirurgicaux de campagne, notamment en Afrique
En novembre 2019, bien avant l’épidémie de coronavirus, le Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) avait organisé une formation sur le thème du « rôle des hôpitaux militaires de campagne dans l’approche globale de gestion des crises » dans le cadre du forum de coopération 5+5. « Au niveau national, des hôpitaux de campagne sont déployés annuellement dès le début des saisons hivernales dans les régions enclavées touchées par le grand froid. Au niveau international, le Maroc a installé 16 hôpitaux médico-chirurgicaux de campagne aussi bien dans le cadre onusien que bilatéral, notamment en Afrique », avait alors déclaré le général de brigade Abdennaser Sinnate, directeur du CREMS.
Se préparer au pire
Ces structures sanitaires militaires viendraient en renfort du dispositif sanitaire en place. Le ministre de la Santé Khaled Aït Taleb a récemment passé en revue l’état des lieux des capacités du royaume, notamment en termes de lits dans les services de réanimation : 1640 lits existent actuellement, comprenant les 250 nouvellement créés depuis l’apparition de cette pandémie et les 504 lits du secteur privé. Avec 58 cas déclarés jusque-là, le royaume semble jusque-là loin de la saturation de ses infrastructures sanitaires. Mais se prépare par tous ses moyens à faire face au pire…
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