Côte d’Ivoire : polémiques à répétition après la mise en place de mesures contre le coronavirus

Faveurs accordées à certaines personnalités, réunion du Parlement autorisée… Plusieurs polémiques ont éclaté en Côte d’Ivoire autour de la gestion de la crise sanitaire et des mesures de restriction imposées par le gouvernement.

A Abidjan, le 19 mars 2020. © Diomande Ble Blonde/AP/SIPA

A Abidjan, le 19 mars 2020. © Diomande Ble Blonde/AP/SIPA

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Publié le 20 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

Sous le soleil brûlant, deux ministres du président Alassane Ouattara se tiennent en face de dizaines de personnes confinées au sein de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) de Marcory, à Abidjan, ce mercredi. Ils tentent d’apaiser une foule en colère, surprise par la mesure de mise en quarantaine, prise la veille de leur arrivée, par le gouvernement. À leur descente d’avion, ces passagers en provenance de Paris ont été amenés vers ce centre pour étudiants, réquisitionné par le Conseil national de sécurité (CNS).

Trois jours plus tôt, à l’issue d’une réunion présidée par Alassane Ouattara, le CNS avait arrêté une série de mesures, dont la « suspension pour une période de quinze jours, renouvelable, des voyageurs non Ivoiriens en provenance des pays ayant plus de cent cas confirmés de maladie à coronavirus » – dont la Chine, la France, l’Italie, le Royaume-Uni ou les États-Unis – et la « mise en quarantaine des cas suspects et des contacts des malades dans les centres réquisitionnés par l’État ». Depuis, les polémiques autour de la gestion de la crise sanitaire se multiplient en Côte d’Ivoire.

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• Des faveurs accordées à certaines personnalités

Alors que le gouvernement annonçait la bonne nouvelle de la guérison du premier patient ivoirien, l’opinion publique s’est indignée contre des faveurs accordées à certains proches du pouvoir. Ainsi, l’attaquant Max Gradel, l’ancien président de la fédération ivoirienne de football Jacques Anouma, la famille du chanteur A’Salfo, mais aussi des membres des familles du ministre Alain-Richard Donwahi et de l’ex-ministre Adama Bictogo auraient réussi à échapper à la quarantaine imposée au reste du pays.

J’ai un réel sentiment de culpabilité de m’être désolidarisé en mettant ma famille en quarantaine hors de l’INJS

Voyageant pour la plupart en classe affaires, sur le vol provenant de Paris, ces personnalités se sont rendues à leurs domiciles, sans passer par la case INJS. Une situation qui a manqué de créer une émeute des passagers placés en quarantaine, obligeant A’salfo à concéder sa « culpabilité  » et à présenter ses excuses au grand public. « Je suis sincèrement désolé pour ce qui arrive. J’ai un réel sentiment de culpabilité de m’être désolidarisé en mettant ma famille en quarantaine hors de l’INJS. Je présente mes excuses pour cela », a-t-il déclaré.

• 61 ressortissants chinois atterrissent à Abidjan 

Au lendemain de l’annonce des mesures de restriction, 61 passagers en provenance de Chine ont débarqué à l’aéroport d’Abidjan après avoir fait escale à Addis-Abeba, en Éthiopie. Contrairement aux règles strictes imposées par le gouvernement, les voyageurs se sont retrouvés devant la police des frontières au lieu d’être mis en quarantaine.

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Coronavirus n’a ni passeport, ni visa, ni préférence, ni distinction de classes

La vidéo de la scène, filmée par un fonctionnaire, est rapidement devenue virale, suscitant le tollé au sein de la population et contraignant les autorités à conduire les ressortissants chinois à l’INJS.

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Après avoir été démentie par les autorités, l’information a été confirmée par le ministre de la Santé Eugène Aka Aouelé quelques heures plus tard à la télévision. Pour se justifier, le ministre a indiqué que la soixantaine d’individus « résidaient et travaillaient sur le sol ivoirien avant la crise sanitaire ».

• La réunion du Parlement ivoirien autorisée

C’est alors qu’éclate une autre polémique, plus politique, alimentée par Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). « Le gouvernement a autorisé la tenue de la réunion en Congrès du Parlement ivoirien ce mardi à Yamoussoukro, pour légiférer sur la Constitution ivoirienne, regroupant ainsi plus de 550 personnes », a-t-il accusé, condamnant, dans la foulé, « cette triste attitude obstinée qui place les calculs politiciens et les intérêts égoïstes au-dessus de la santé des Ivoiriens et de la vie humaine ». Le gouvernement avait préalablement interdit tout rassemblement au-delà de 50 personnes.

En attendant, le nombre de cas testés positifs en Côte d’Ivoire, est passé de six à neuf. Pour sa part, Innocent Gnelbin, président du petit et nouveau parti politique Force aux peuples, appelle à la transparence du gouvernement, tout en l’invitant à faire preuve de plus de responsabilité. « Coronavirus n’a ni passeport, ni visa, ni préférence, ni distinction de classes » indique-t-il.

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