Cherche débouchés désespérément

Malgré l’apparition de nouvelles opportunités en Europe, les planteurs du continent ne sont guère rassurés sur leur avenir.

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Ya-t-il encore une place pour le raphia, le chanvre et surtout le coton africain sur les marchés du Vieux Continent ? Telle est la problématique sur laquelle ont planché professionnels européens de l’industrie textile et agriculteurs africains, à Ouagadougou, du 8 au 10 juin, lors du premier Salon fibres et matières d’Afrique pour une mode équitable (Safima).
Organisé par l’ambassade de France au Burkina et le ministère burkinabè du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, le Safima a dégagé des axes de réflexion pour rassurer les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale producteurs de fibres végétales sur leurs débouchés européens – notamment français – à l’heure où la filière coton, dont beaucoup dépendent entièrement, connaît de grands bouleversements. Privatisation imminente du groupe agro-industriel Dagris ; faiblesse des cours mondiaux ; afflux massif de vêtements asiatiques sur les marchés occidentaux, qui menace une industrie textile locale déjà largement déclinante : les sujets d’inquiétude ne manquent pas.
Directrice des affaires économiques et internationales de l’Union [française] des industries textiles (UIT), Emmanuelle Butaud se veut pourtant confiante : « De nombreuses opportunités vont se présenter dans la zone Euromed. Chute des productions de coton en Grèce et en Espagne après la baisse des subventions de Bruxelles en 2004 ; multiplication des débouchés dans la décoration, l’ameublement ou les biocarburants ; renchérissement du prix des fibres synthétiques et des coûts de transport et d’énergie avec l’envolée du baril de pétrole : tous ces facteurs devraient, à terme, favoriser le coton africain, d’excellente qualité. »
« Les industriels, la grande distribution et les consommateurs sont, par ailleurs, de plus en plus attirés par la fabrication ou l’achat de matières premières et de produits citoyens », renchérit Christophe Lambert, PDG de TDV Industries, une entreprise française spécialisée dans la fabrication de tissus destinés aux vêtements de travail. L’an dernier, les ventes de « textile équitable » ont contribué pour 6 % au chiffre d’affaires de sa société. « Une proportion qui devrait rapidement passer à 10 %, soutient Lambert. L’Afrique, qui est la seule pour l’instant à bénéficier d’un label coton équitable, devrait miser sur les productions certifiées pour exporter. »
Reste une question : le seul créneau du coton à forte valeur ajoutée suffit-il pour assurer aux planteurs l’écoulement de leurs productions ? Selon François Traoré, président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) et de l’Association des producteurs de coton africains (Aproca), le coton conventionnel reste une nécessité sans laquelle la filière n’existerait plus, ni au Mali ni au Burkina. De leur côté, associations et ONG qui font la promotion du coton labellisé reconnaissent elles-mêmes que la hausse de sa production est limitée. Quant à la mise sur pied d’une industrie de transformation sur le continent, beaucoup affirment qu’il est trop tard. Dans un tel contexte, l’avenir de l’or blanc africain semble plus que jamais se jouer en Extrême-Orient. Là où s’écoulent déjà près de 60 % des exportations du continent

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