Bientôt libres ?

Le procès des six coopérants étrangers accusés, contre toute évidence, d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants a repris le 13 juin.

Publié le 19 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Christiana Valcheva, Nassia Nenova, Valentina Matolova, Valia Tcherveniaska, Snejana Dimitrova et Achraf Hajjouj sont-ils enfin au bout de leur calvaire ? Accusés d’avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens soignés à l’hôpital Al-Fateh de Benghazi, les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien ont comparu le mardi 13 juin – pour la seconde fois en moins de quarante de jours – devant la cour criminelle de Tripoli. À l’issue de l’audience, qui a duré moins d’une heure, le président Mahmoud al-Houeissa a annoncé que le procès était reporté au 20 juin, mais s’est néanmoins engagé à en finir le plus vite possible. « Dorénavant, nous aurons une audience hebdomadaire, car cette affaire a beaucoup trop traîné », a-t-il indiqué. Une déclaration favorablement accueillie, bien sûr, dans les chancelleries occidentales.
La vie des accusés a basculé en 1999, quand, soupçonnés d’être à l’origine de la contamination, ils ont été aussitôt incarcérés, puis déférés devant la cour criminelle de Benghazi. En l’absence de véritables preuves à charge, leur procès s’est durablement enlisé. Finalement, en mai 2004, sur la base d’aveux arrachés sous la torture, six condamnations à mort ont été prononcées, provoquant une vague d’indignation à l’étranger. Des spécialistes de renommée internationale comme le Pr Luc Montagnier, découvreur du virus du sida, avaient pourtant témoigné en leur faveur. Ils avaient établi que plusieurs enfants avaient été contaminés avant même l’embauche des coopérants étrangers à l’hôpital de Benghazi. Et que la plupart des victimes n’avaient jamais été soignées dans les services où travaillaient les accusés.
Ces derniers sont donc ni plus ni moins que des boucs émissaires. De l’aveu même de nombreuses sources libyennes, la vraie cause de la tragédie réside dans la défaillance du système de contrôle et le manque d’hygiène à l’hôpital de Benghazi. Cette ville frondeuse est en effet marginalisée, délaissée par les pouvoirs publics. « Les autorités ne pouvaient pas reconnaître la responsabilité des agents de l’État sans risquer de provoquer un nouveau soulèvement de la population de la ville », explique un spécialiste de la Libye.
Appelés au secours par les responsables bulgares, les États-Unis et l’Union européenne ont contraint le régime de Kadhafi à rectifier le tir. Le 25 décembre 2005, la Cour suprême de Tripoli a annulé le verdict et ordonné un nouveau procès. Délocalisé à Tripoli – ce qui, en soit, est positif -, celui-ci s’est donc ouvert le 11 mai. Le contexte international ayant changé du tout au tout, une issue heureuse ne paraît pas, cette fois, improbable. Financé par la Bulgarie, l’Union européenne et les États-Unis (notamment), un fonds international a été mis en place au début de l’année. Il a pour mission de prendre en charge les soins dispensés aux enfants malades et d’indemniser les familles des victimes.

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