Un modèle réinventé

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Après avoir été « le champ clos des rivalités Est-Ouest » du temps de la guerre froide, l’Afrique serait-elle en passe de devenir le champ clos d’une rivalité sino-japonaise ? Tout porte à le croire. Jamais les ambitions des deux géants asiatiques n’ont semblé si aiguisées, Pékin avançant ses pions sur le continent à travers les nombreux prêts concessionnels qu’il octroie ou les multiples infrastructures qu’il promet moyennant le contrôle de ses approvisionnements en matières premières stratégiques.
Face à ce rouleau compresseur agissant le plus souvent en marge du système financier international, Tokyo fait figure de partenaire traditionnel – mais non moins fidèle – des États africains. Plus institutionnelle donc plus discrète, sa coopération embrasse tous les domaines concourant à la « sécurité humaine », en particulier les opérations de consolidation de la paix, la lutte contre les grandes pandémies ou le réchauffement climatique. Une approche saluée depuis plusieurs années et dont le Premier ministre Yasuo Fukuda ne manquera pas de rappeler tous les bienfaits lors de la IVe Ticad (Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique) organisée à Yokohama, du 28 au 30 mai, alors que le pays célèbre, en cette occasion, « l’année de l’Afrique ».
Ce rendez-vous – réplique du Sommet sino-africain organisé à Pékin en novembre 2006 – sera surtout le moment de revenir sur les évolutions rendues nécessaires par la montée en puissance de l’empire du Milieu. Au-delà de la priorité accordée aux pays du Sud dans sa diplomatie, le Japon doit réinventer son modèle en misant davantage sur sa présence économique et la plus grande implication de son secteur privé, celui-ci se limitant actuellement à la présence de filiales de quelques groupes emblématiques.
Ce changement est d’autant plus souhaitable que si son tropisme africain demeure vigoureux, l’archipel se heurte comme d’autres pays industrialisés aux incertitudes de sa situation intérieure. En proie à une crise identitaire aggravée par les turbulences économiques, le pays du Soleil-Levant se cherche. Entre une croissance faible, qui frôle même la récession, l’accumulation des déficits et la morosité généralisée d’une population de plus en plus âgée, les marges de manÂuvre budgétaires ne sont pas extensibles. En témoigne, sur ce point, l’essoufflement de l’aide publique au développement (APD). Classé au cinquième rang des contributeurs mondiaux avec 7,6 milliards de dollars en 2007, le Japon, en revanche, est, avec 0,17 %, à l’avant-dernière place des pays de l’OCDE lorsque ce montant est rapporté au produit intérieur brut (PIB).
D’où la nécessité de faire de l’Afrique la nouvelle frontière de ses entreprises afin d’améliorer les comptes de son commerce extérieur dans le cadre de ce partenariat « gagnant-gagnant » version nippone. L’Afrique est demandeuse. Plus ses interlocuteurs seront nombreux, mieux les objectifs de son développement seront atteints. Ses dirigeants ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Plus de quarante d’entre eux feront le déplacement à Yokohama.

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