Requiem pour la Cemac
Clôturée par une grille sans fin, quadrillée par des hommes en tenue qui se surprennent à croire qu’ils sont des militaires mais dont la présence n’a que l’avantage de rappeler qu’il y a peut-être de l’activité au fond de la cour, bâtiment vétuste aux allures de gouvernorat colonial, murs poussiéreux, plancher érodé, baies vitrées ayant totalement perdu leur éclat, personnel fatigué, indolent et nonchalant, cette institution qui se voulait le symbole de l’Afrique centrale triomphante ressemble désormais à une bête immonde, un éléphant repu qui estime n’avoir rien à prouver au reste du monde.
Grande fumisterie, escroquerie intellectuelle à la dimension d’un continent, cimetière des ambitions d’intégration régionale, elle a été créée pour accélérer la mise en commun des ressources de la sous-région et l’aplanissement des difficultés de la nation Afrique centrale. Mais de politiques à politiciens, de diplomatiques à courtisans, les sommets se suivent et se ressemblent, au gré des luttes de positionnement et du mouvement des chaises musicales usées par la succession de leurs nombreux locataires, de plus en plus lourds, de plus en plus exigeants pour leurs ventres et pour leurs bas-ventres ; chaises où se relaient les hiérarques des pays concernés, sans fil conducteur, sans vision aucune.
Qu’avons-nous fait pour subir ce traitement, de quelle malédiction relève-t-on, de quel sombre dessein sommes-nous les tenants, pourquoi s’imposer le châtiment de l’autoflagellation, quelle épreuve devons-nous subir pour qu’enfin le martyre cesse, pour qu’enfin l’humanité de notre forêt équatoriale se réveille, qu’elle ait envie de faire autre chose que de vivre au quotidien de la chasse et de la cueillette ?
Non et non, trois fois non : la défaite, nous ne l’avons pas en nous, si nous retournons à la source de nos traditions, si nous fouillons dans le tréfonds de notre humanité, nous découvrirons que sous tous les cieux il y a du bonheur à construire, il y a de l’enthousiasme à partager et à donner la vie, que tout n’est pas question d’intérêts, mais que l’intérêt, finalement, n’est qu’humanité entre les hommes et les femmes.
Georges Njamkepo, directeur commercial et marketing, Telecel Centrafrique, Bangui, RCA
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