Mike Tyson
L’ancien champion du monde des poids lourds est à Cannes. Pour la présentation d’un documentaire consacré à sa très sulfureuse et très chaotique carrière.
Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.
On l’avait déjà presque oublié. Miné par la drogue, l’alcool, ses divorces ruineux et ses problèmes avec le fisc américain, Mike Tyson, ancien champion du monde des poids lourds à la réputation sulfureuse, aujourd’hui retiré des rings, n’était plus que l’ombre de lui-même. Il fait cette semaine sa réapparition là où personne ne l’attendait : au 61e Festival de cinéma de Cannes, où il s’est rendu pour la présentation d’un documentaire sobrement intitulé Tyson, oeuvre de son compatriote James Toback.
La collaboration entre les deux hommes, qui se connaissent depuis plus de vingt ans, ne date pas d’aujourd’hui. Elle s’est déjà traduite par deux films : Black and White (1999) et When Will I Be Loved (2004). Dans ce nouveau documentaire en forme de catharsis, Tyson reconnaît volontiers que son parcours, marqué par une irrépressible propension à l’autodestruction, relève davantage de l’ombre que de la lumière. Une réhabilitation de l’ex-délinquant de Brooklyn est-elle possible ? James Toback y croit.
Le 22 novembre 1986, à peine âgé de 20 ans, Michael Gerard Tyson – qui, des années plus tard, se convertira à l’islam et prendra le nom d’Abdel Malek Aziz – foudroie Trevor Berbick après 2 min 35 s de combat et s’adjuge la couronne mondiale des poids lourds. Il entre dans l’histoire de la boxe. Terreur des rings, il se distingue par une force phénoménale, une vitesse d’exécution déconcertante et une technique quasi parfaite. Le monde est à ses pieds.
Un peu plus de dix ans plus tard, en juin 1997, survient l’inexplicable. Opposé à Evander Holyfield, Tyson, pendant un corps à corps, lui arrache avec les dents un morceau d’oreille avant d’être disqualifié par l’arbitre. Avant ce regrettable épisode, il avait passé trois ans en prison pour viol. Sa carrière est brisée. Commence le temps de l’opprobreÂ
Mike Tyson reste à ce jour le boxeur qui a gagné le plus d’argent sur un ring : entre 300 et 400 millions de dollars, dit-on. Au cours de la seule année 1988, ses gains ont été sensiblement supérieurs à ceux de tous les plus grands réunis : Mohammed Ali, Joe Louis, Rocky Marciano, Jack Dempsey. Mais ce pactole va fondre comme neige au soleil. Au point que, pour payer ses dettes, l’ancien champion est contraint de continuer à combattre alors qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. En 2005, à la suite d’une défaite par K.O., il raccroche définitivement les gants. Avec un palmarès néanmoins exceptionnel : 58 combats, 50 victoires (dont 44 par K.O.) et seulement 6 défaites.
Fin décembre 2006, il défraie à nouveau la chronique. Sur une route de l’Arizona, il est interpellé par la police alors qu’il se prépare un rail de cocaïne tout en conduisant sa voiture. Plusieurs grammes de coke sont découverts dans le véhicule. Pour une fois, Tyson fait profil bas et avoue qu’il se drogue. Pour ne pas retourner en prison, il accepte de suivre une cure de désintoxication. Il sera finalement condamné à des travaux d’intérêt général. Reste à savoir quelle image l’Histoire conservera de lui. Celle de la brute épaisse ou celle du boxeur surdoué ? Le débat n’est pas tranché, mais le film de Toback y contribuera peut-être…
