Les tribulations de la parité

Depuis plus de dix ans, les gouvernements successifs tentent d’imposer l’égalité politique entre les hommes et les femmes. Avec un succès limité, sauf au niveau local.

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

En introduisant au Parlement, le 6 mai, le controversé projet de loi baptisé « Women’s Reservation Bill », le ministre indien de la Justice, Hans Raj Bhardwaj, ne pouvait pas ne pas penser au mythe de Sisyphe. À l’instar du héros de la mythologie grecque condamné à rouler éternellement un rocher jusqu’au sommet inaccessible d’une colline, les gouvernements successifs tentent en vain, depuis plus d’une décennie, de faire valider par les députés la loi censée réserver aux femmes un tiers de sièges au Parlement. Conformément à ses promesses électorales, le Parti du Congrès (Indian National Congress, au pouvoir) a relancé le processus. C’est donc la quatrième fois que ce projet de loi est soumis au vote des parlementaires, mais les chances de le voir adopter semblent bien minces, compte tenu de l’accueil houleux qui lui a été réservé par une partie de l’opposition. En Inde, l’idée que le domaine public est réservé aux hommes reste encore fortement enracinée dans les mentalités.
Toutefois, la parité politique hommes-femmes est déjà à l’oeuvre dans les assemblées élues au niveau des villages, des cantons, des districts et des municipalités. Tous les observateurs reconnaissent que l’approche plus compassionnelle des centaines de milliers de femmes élues aux assemblées locales a entraîné des changements visibles en matière de développement. Les défenseurs du « Women’s Reservation Bill » estiment pour leur part que la parité permettrait à l’État de mieux s’attaquer aux problèmes de discrimination que rencontrent les femmes dans le pays.
À ce jour, le pays compte 44 femmes parmi les 545 députés de la Chambre basse du Parlement. Le projet de loi du gouvernement envisage de porter la représentation féminine à 181 sièges. Pour obtenir l’adhésion des élus hommes, qui craignent de voir le nombre des investitures politiques se réduire comme peau de chagrin, les autorités proposent de porter à 900 le nombre total de députés, une augmentation nécessaire en raison de la croissance démographique. Mais le temps est compté. À un an des élections législatives, le gouvernement peut difficilement se lancer dans une réforme électorale de cette envergure.

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