Israël se retire du Sud-Liban

24 mai 2000

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

Le 24 mai 2000, à 6 h 42, la Mercedes du général israélien Benny Ganz franchit la porte 93 du point de passage militaire de Fatima, près de Metulla, à la frontière israélo-libanaise. Depuis 2 heures du matin, des centaines de blindés, de camions et de Jeep remplis de soldats l’ont précédée en un flot ininterrompu. Puis, à 6 h 43, l’État hébreu referme sa frontière avec le Liban, mettant fin à une occupation qui aura duré plus de vingt-deux ans et coûté la vie à plus de 1 200 de ses soldats sans être pour autant parvenue à faire cesser les tirs de roquettes des milices chiites libanaises sur des villes frontalières israéliennes (plus de 5 000 Katioucha sont tombées en vingt ans sur la haute Galilée).
Loin d’être négocié, ce repli marque le premier revers militaire de Tsahal, défait par la milice du Hezbollah, parti chiite libanais fondé en 1982 en réaction à l’opération « Paix en Galilée », qui a conduit l’armée israélienne à Beyrouth-Ouest. Armé par Téhéran et soutenu par Damas, le Hezbollah, dirigé par le charismatique Hassan Nasrallah, constitue la principale force de reconquête du Sud-Liban, un territoire où vivent de nombreux réfugiés palestiniens et dont Tsahal occupe, depuis 1978, une « zone de sécurité » vaste d’environ 850 km2.
Jusqu’au dernier moment, « le Parti de Dieu » n’a cessé de harceler l’armée israélienne, fortement affaiblie par l’effondrement de l’Armée du Liban Sud (ALS), sa milice supplétive. C’est sous un déluge d’obus de mortier et de missiles, sur des routes minées et en se frayant un passage grâce aux chars et à l’aviation de Tsahal que les soldats israéliens parviennent enfin à regagner leur territoire national. « L’opération s’est déroulée sans une égratignure », se félicite alors le général Shaul Mofaz. Mais l’apparente autosatisfaction de l’état-major israélien cache mal sa profonde humiliation devant un retrait qui, de l’avis général, a pris des allures de débâcle.

Mais, pour être précipité, le départ israélien n’en est pas moins programmé depuis longtemps. Un an plus tôt, Ehoud Barak s’était fait élire Premier ministre après avoir promis qu’Israël évacuerait le Liban avant juillet 2000, une décision approuvée par plus de 60 % des Israéliens. Mais l’ALS – milice créée en 1980 et forte de 3 500 hommes, en majorité de pauvres hères recrutés, formés et payés par Israël – ne saurait rester mobilisée alors que se dessine la perspective de se retrouver seule face au Hezbollah. La rapide défection de l’ALS oblige Tsahal à avancer son départ de six semaines : prévu le 7 juillet, celui-ci a lieu en catimini dans la nuit du 23 au 24 mai, sans même que le général Antoine Lahad, commandant de l’ALS, n’en soit informé Pris de court, affolés, les soldats de l’ALS se précipitent en Israël avec leurs familles pour y obtenir l’asile (environ 5 000 personnes sont recensées dès le 25 mai), quand ils ne sont pas arrêtés et inculpés « d’intelligence avec l’ennemi » – ou tout simplement passés par les armes.
Mais le retrait de Tsahal, qui constituait la raison d’être du Hezbollah, ne suffit pas à ce dernier. Nasrallah réclame encore la libération d’une vingtaine de ses militants détenus par les autorités israéliennes, le rétablissement de la frontière libanaise dans le tracé fixé par le traité franco-britannique de 1923 et l’évacuation par Tsahal des fermes de Cheba, situées en territoire syrien, selon l’ONU et Israël, mais revendiquées par le Liban avec l’aval de Damas.

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