Coronavirus au Cameroun : vers un cessez-le-feu en zone anglophone ?
Les Forces de défense du Cameroun du Sud (Socadef), groupe armé ambazonien, ont accepté mercredi 25 mars de s’associer au cessez-le-feu réclamé par les Nations unies en raison de l’épidémie de coronavirus qui frappe le pays. Le gouvernement n’a, de son côté, pas encore réagi.
« Les Socadef sont prêts à soutenir le cessez-le-feu et garantiront sécurité et libre circulation aux observateurs internationaux et aux acteurs humanitaires en Ambazonie (…) conformément au droit international humanitaire », a déclaré Ebenezer Akwanga, leader du mouvement, dans un courrier signé à Accra, au Ghana, mercredi 25 mars et adressé au chef de l’État camerounais, Paul Biya.
Le président des Socadef, également à la tête du Mouvement de libération des peuples africains (APLM), en a profité pour appeler les « autorités et les forces de sécurité de la République du Cameroun à répondre à l’appel du secrétaire général des Nations unies ». « Nous sommes prêts à rencontrer des représentants désignés de la République du Cameroun pour une bonne application du cessez-le-feu », a-t-il ajouté.
Protéger des populations « déjà vulnérables »
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait lancé lundi 23 mars un appel « à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde » afin de préserver, face à la « furie » du coronavirus, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit. Une occasion que n’ont pas voulu laisser passer les médiateurs de l’organisation suisse HD Center (Centre pour le dialogue humanitaire).
Ces zones touchées par les conflits pourraient devenir des super-incubateurs du virus si nous n’agissons pas maintenant
Les Suisses, qui espèrent toujours un dialogue entre le gouvernement camerounais et les Ambazoniens, avaient lancé le 23 mars une initiative afin de lutter contre la propagation de la pandémie de coronavirus. « Le virus ne respecte ni les frontières ni les lignes de front », avait souligné le directeur exécutif de HD Center, David Harland.
« Les populations des zones de guerre sont déjà vulnérables et présentent de nouveaux risques énormes. Et il y a aussi un risque pour le monde, car ces zones touchées par les conflits pourraient devenir des super-incubateurs du virus si nous n’agissons pas maintenant », a-t-il ajouté.
Vers un dialogue ?
Le HD Center a contacté une partie des groupes armés ambazoniens, et les Socadef ont été les premiers à adhérer à l’appel des Nations unies. Selon nos informations, le gouvernement n’a pour le moment pas réagi officiellement aux demandes du secrétaire général de l’ONU.
« L’idée était de profiter de l’occasion pour pousser les Ambazoniens à envoyer un message de bonne volonté au gouvernement », explique une source proche du dossier. Et d’espérer : « Cela pourrait favoriser le début d’un dialogue après la pandémie de coronavirus ».
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