Huile, pâtes, javel et chocolat… Comment les Marocains consomment durant le confinement

Les acteurs du commerce se veulent très rassurants quant à la disponibilité des marchandises, après une période de « panique » et de ruée vers les épiceries et les grandes surfaces des Marocains.

Un magasin Label’Vie (image d’illustration) © Label’Vie

Un magasin Label’Vie (image d’illustration) © Label’Vie

Publié le 26 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

Depuis le 20 mars dernier, et le passage du Maroc en état d’urgence sanitaire pour un mois minimum, les images de rayons de supermarchés dévalisés et de chariots qui débordent font le tour du web.

Tant et si bien que le gouvernement marocain a dû lancer une opération pour rassurer la population quant à la disponibilité des marchandises. La Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri) s’est jointe à l’opération pour expliquer que l’offre dépassait largement la demande, afin d’éviter tout mouvement de foule.

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« Les entreprises de l’agroalimentaire fonctionnent à ce jour et sont pleinement engagées. Il y a une continuité d’activité entre la production, la transformation et la distribution que nous veillons à préserver en collaboration avec les professionnels et services administratifs concernés », assure Abdelmounim El Eulj, président de la Fenagri.

Des volumes de vente multipliés par quatre

D’après les distributeurs et les logisticiens que JA a pu interroger, ce qui s’est passé est inédit. Certes, il y a eu une progression fulgurante de la demande mais les professionnels du secteur ne veulent pas parler de hausse de la consommation.

les produits les plus demandés sont les produits de première nécessité et les produits non périssables

Selon eux, on constate un « transfert de stocks » du distributeur vers le client final principalement dans la catégorie des produits de base comme la farine, les huiles, le sucre, les pâtes, le couscous, le riz et les féculents. Les volumes de ventes de ces produits ont été multiplié par quatre en moyenne.

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« Nous avons relevé un changement des paradigmes d’achat qui ont eu un impact dans nos stockages », nous explique Moncef Belkhayat, patron de Dislog, leader de la distribution au Maroc.

Du côté de la grande distribution, les dirigeants de Label’Vie, qui gèrent les magasins Carrefour au Maroc, confirment qu’actuellement « les produits les plus demandés dans nos magasins sont les produits de première nécessité et les produits non périssables, ayant une longue date de conservation ».

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Dans ces magasins, c’est la ruée pour l’alimentaire (huiles, pâtes, conserves et autres), les produits frais comme les viandes, le lait et aussi les féculents en vrac.

Triplement des quantités pour les produits d’entretien

En parallèle, et à l’instar de ce qui a pu se passer dans d’autres pays dont la population est objet de confinement, au Maroc les achats de produits sanitaires, d’entretien et d’hygiène ont explosé durant cette période.

la demande de produits dits non nécessaires a beaucoup progressé depuis le début du confinement

Les quantités écoulées en eau de javel et en savon ont triplé depuis le début de la crise. « Sur cette gamme de produit, on remarque un changement des habitudes de consommation. Contrairement aux produits de base où c’est plus du stockage, pour les produits d’entretien c’est de la consommation immédiate », précise Moncef Belkhayat.

Le type des achats effectué a lui aussi changé au fur et à mesure que la crise s’installe au royaume chérifien. « Durant la semaine du 9 mars, avant l’annonce du confinement obligatoire, les volumes de ventes des produits alimentaires dits non nécessaires, comme le chocolat ou les chips, étaient très faibles. Mais depuis le 20 mars, la demande a beaucoup progressé », explique un distributeur.

Globalement, les logisticiens estiment que le circuit de distribution via grandes surfaces a doublé ses ventes pendant la semaine précédant l’état d’urgence sanitaire.

Un chiffre que nous n’avons pas pu confirmer auprès des responsables des grandes surfaces. Les responsables de Label’Vie n’ont pas souhaité partager leurs chiffres, mais assurent s’être préparé à cette période pour ne pas en souffrir. « Nous nous attendions dès le début de la crise à ce que l’affluence dans nos magasins augmente fortement », explique-t-on chez Label’Vie.

Une chaîne d’approvisionnement qui fonctionne normalement

Au Maroc, le secteur de la distribution est prédominé par un circuit traditionnel composé majoritairement d’épiceries. Les grandes surfaces, quant à elles, ne représentent qu’entre 20 % et 30 % du chiffre d’affaires global de la filière.

nos fournisseurs continuent à nous livrer normalement

Et pour l’avenir, nos interlocuteurs restent très confiants. « Nous avons avancé les importations qui étaient prévues pour les mois de mai et de juin, pour reconstituer nos stocks. Heureusement les usines continuent de tourner et le port fonctionne encore normalement », ajoute le dirigeant de Dislog.

Même son de cloche du côté de Label’Vie qui détient une plateforme logistique fonctionnant 24 heures sur 24, avec un réapprovisionnement quotidien. « Nos fournisseurs continuent à nous livrer normalement. Ils sont complètement mobilisés avec nous pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent ».

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle personne ne prévoit de pénurie dans les prochaines semaines. Selon nos informations, le ministre du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, tient une réunion régulière avec les représentants de la filière pour garder une vue globale sur le marché et sur la demande.

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