Devine Kofiloto
Senior consultant en stratégie et télécommunications, Teleplan, Norvège
Jeune Afrique : Le groupe MTN est-il vraiment à vendre ? Il dispose d’importantes liquidités. N’est-ce pas plutôt à lui de faire une acquisition ?
Devine Kofiloto : Le management de MTN possède environ 13 % du capital, ce qui en fait le groupe d’actionnaires le plus important. Ce groupe a clairement annoncé qu’il est en discussion avec un partenaire potentiel. Tout dépendra de l’offre qui leur sera faite. Compte tenu de son implantation et de son parc de plus de 40 millions d’abonnés, MTN est incontestablement une cible intéressante. L’intérêt qu’on lui porte montre qu’il est devenu un des acteurs principaux du business model très particulier des télécoms dans les pays émergents.
Après Celtel, devenu koweïtien, MTN est, ou était devrait-on dire, le dernier opérateur 100 % africainÂ
Quel que soit le repreneur, cette acquisition signifierait un recul de l’indépendance économique africaine : la disparition d’un groupe qui a grandi en Afrique, dirigé par des Africains, qui perd la nationalité africaine Mais, d’autre part, c’est aussi un motif de fierté. En termes de montant – les chiffres qui circulent sont de plusieurs dizaines de milliards de dollars -, ce serait l’acquisition la plus importante jamais réalisée sur le continent. Elle démontre bien le dynamisme du secteur des télécoms en Afrique : en une opération, le repreneur s’empare du plus gros acteur régional, présent sur 21 marchés, en Afrique et au Moyen-Orient, avec de fortes perspectives de croissance.
Même si les taux de pénétration s’approchent du maximum concevable dans certains pays pauvres ?
Certes, il y a des limites à la croissance, mais elles s’éloignent progressivement. Les économies se développent, tandis que le coût total de propriété [TCO, Total Cost of Ownership] diminue. Le taux de pénétration observé aujourd’hui au Nigeria, par exemple, paraissait inconcevable il y a quelques années. L’activité continuera de croître dans ce pays, où MTN est déjà numéro un. Avec 50 millions d’abonnés fin 2008 et un taux de pénétration de 36 %, le Nigeria sera le premier marché du continent, devant l’Afrique du Sud. Dans les quatre années à venir, le taux de pénétration devrait atteindre 45 %.
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