[Édito] Guinée, le jour d’après

En organisant le double scrutin du 22 mars malgré les affrontements qui en ont perturbé le déroulement et les réticences de la communauté internationale, Alpha Condé a maintenu coûte que coûte son calendrier. Un nouveau chapitre s’ouvre désormais pour le président guinéen : renouer le dialogue avec l’opposition et faire connaître sa décision sur une éventuelle candidature à un troisième mandat.

Alpha Condé, en 2016 au palais présidentiel, à Conakry. © Vincent Fournier/JA

Alpha Condé, en 2016 au palais présidentiel, à Conakry. © Vincent Fournier/JA

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 27 mars 2020 Lecture : 7 minutes.

Dix ? Vingt ? Quel que soit le nombre de victimes des violences qui ont endeuillé le double scrutin du 22 mars, ce sont autant de morts de trop. Pour autant, le pire n’a pas eu lieu, en l’occurrence le scénario parfois annoncé d’une quasi-guerre civile entre un pouvoir campé sur ses certitudes et son agenda et une opposition déterminée à lancer contre lui l’assaut final, le tout sur fond d’affrontements ethniques généralisés.

Malgré les hésitations d’une partie de son entourage, dont certains membres ont fait défection ces derniers mois, le président Alpha Condé n’a rien changé à son chronogramme, si ce n’est un report de treize jours des législatives et du référendum, le temps d’une purge du fichier électoral par les experts de la Cedeao. Dimanche 22 mars, le décor d’une bataille générale était planté. On a eu droit à une succession d’escarmouches, hélas parfois sanglantes.

L’objectif annoncé du Front national de défense de la Constitution (FNDC) était de rendre le double scrutin impossible. Les saccages de bureaux de vote, conduisant au déplacement des urnes dans les mairies ou les préfectures, les intimidations, les attaques des domiciles de chefs de quartiers ou de militants du parti au pouvoir ainsi que les manifestations sur la voie publique faisaient partie de cette stratégie parfaitement assumée et publiquement revendiquée.

« Exit option »

Ce boycott actif qui, dans l’esprit de certains de ses promoteurs, visait à faire tomber le régime, a fonctionné dans une douzaine de préfectures sur les 33 que compte le pays et dans trois communes de Conakry sur cinq. Dans la capitale, Matoto et Dixinn ont été touchées, mais c’est pour l’essentiel à Ratoma, fief de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), qu’ont eu lieu les plus sérieux affrontements.

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