En RDC, les conséquences du confinement total de Kinshasa inquiètent
Deux jours après l’instauration de l’état d’urgence sanitaire en RDC et le placement en isolement de Kinshasa, le gouverneur de la capitale, Gentiny Ngobila, a annoncé trois semaines de « confinement total », mais intermittent. Une mesure qui suscite une vive inquiétude.
« Un confinement total intermittent de trois semaines prendra effet à date du samedi 28 mars 2020 », a annoncé Gentiny Ngobila, jeudi soir. Dans son discours, le gouverneur de la tentaculaire capitale congolaise a détaillé les modalités de cette mesure qui se prolongera sur une première période de quatre jours, avant d’être temporairement interrompu les mercredi 1er et jeudi 2 avril.
Trois semaines de rotation
Les Kinois seront alors à nouveau autorisés à circuler, afin de s’approvisionner, avant de reprendre leur confinement total pour les quatre jours suivants.
Cette rotation est censée durer trois semaines, périodes durant laquelle seuls certains agents de l’Administration publique, ainsi que les personnels soignants en service, pourront circuler pour assurer le service minimum.
Pressenti depuis plusieurs jours, ce confinement de Kinshasa suscite de nombreuses inquiétudes au sein de la société civile et de la classe politique, dont certains acteurs ont été prompts à réagir.
Quid du volet social ?
« Le gouverneur aurait été plus complet si son plan était assorti d’un volet social permettant d’appuyer les plus nécessiteux. C’est désolant de voir en plus que cette mesure radicale ne s’accompagne d’aucune proposition économique pouvant rassurer ceux qui sont lésés », a ainsi commenté le député Patrick Muyaya, du Parti lumumbiste unifié (PALU).
Il fait partie, avec Juvénal Munubo, Claudel Lubaya et Francine Muyumba – des élus de différents partis – d’un groupe de parlementaires qui ont appelé les autorités à « garantir l’accès à l’eau potable et à l’électricité » , réclamé « l’allègement des coûts et conditions de leur consommation » ainsi que « la prise en charge totale des factures » d’eau et d’électricité pendant cette période.
Une telle mesure est-elle applicable dans une ville aussi vaste, densément peuplée, et où les inégalités sociales sont abyssales ? Joint par Jeune Afrique à la veille de l’instauration de l’état d’urgence, le Pr Jean-Jacques Muyembe, coordinateur de la cellule de riposte au coronavirus, affirmait que le confinement de la capitale n’était « pas une obligation ».
« Il faut aussi tenir compte de l’aspect social. Beaucoup de gens vivent au jour le jour et ont besoin de sortir pour gagner leur revenu quotidien », insistait Jean-Jacques Muyembe, qui n’a visiblement pas été entendu par les autorités kinoises.
Un premier cas hors de Kinshasa
Le gouverneur de Kinshasa a précisé que la police serait chargée de veiller à l’application des mesures, et notamment le respect des règles lors des jours dédiés à l’approvisionnement. Le ministre provincial de l’Économie aura pour sa part la mission de »procéder à travers les agents de son ministère au contrôle des prix dans toute la Ville ».
Épicentre de l’épidémie en RDC, Kinshasa comptait, au 27 mars, 53 cas de personnes contaminée, dont une a été guérie et quatre sont morts de suites de la maladie, selon le dernier bilan communiqué par le professeur Muyembe. Toujours selon le virologue congolais, un premier cas hors de la capitale aurait été détecté au Nord-Kivu, ce que le gouverneur Carly Nzanzu de cette province a démenti, vendredi, assurant que la personne contaminée se trouvait en réalité en Ituri.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...