Charles Taylor, son bras droit et ses vieux « amis » africains

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Moses Blah était l’homme le plus proche de Charles Taylor. C’est à lui que le très sanguinaire ancien chef de l’État libérien confiait les missions délicates. En 2000, il l’avait même nommé à la vice-présidence.
Depuis le 14 mai, Moses Blah témoigne à la barre du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), devant lequel comparaît Taylor sous l’accusation de crimes de guerre et contre l’humanité dans ce pays voisin du Liberia. Dans son costume sombre, il raconte comment le Front national patriotique du Liberia (NPLF) a bénéficié du soutien de quelques bons amis sur le continent, du Burkina à la Libye en passant par la Côte d’Ivoire. Face à son ex-affidé, entourée de ses avocats, l’ex-terreur de Monrovia prend consciencieusement des notesÂ
En 1985, Blah avait fui le régime de Samuel Doe, alors à la tête du Liberia. Grâce à une certaine « Agnes Taylor » vivant à Ouagadougou – l’épouse de Charles -, il avait gagné le Burkina de Thomas Sankara, où il passa six mois à s’entraîner dans un camp militaire avec une vingtaine d’opposants. La petite troupe avait ensuite été transférée à Tripoli : pendant un an et demi, Blah y partagera son temps entre des cours de maniement d’armes dispensés par des instructeurs libyens et quelques séjours à Mataba, « une école où l’on vous apprend l’idéologie et le Livre vert » (le bréviaire révolutionnaire libyen, NDLR). Pendant son séjour, de nouveaux miliciens libériens, parfois âgés de 14 ans, ne cesseront de débarquer. C’est à cette époque que Blah rencontra Taylor pour la première fois. « Il disait être basé au Burkina », rapporte-t-il. S’ensuivirent une série de voyages entre la Libye, le Burkina et la Côte d’Ivoire.
En 1990, nommé « inspecteur général » du NPLF, Blah rapporte d’Abidjan une cargaison d’armes et de munitions, après une rencontre avec le ministre ivoirien de la Défense. Le 24 décembre 1989, Charles Taylor et le NPLF envahissent le Liberia et prennent rapidement le contrôle de l’ensemble du territoire.
Élu président en 1997, Taylor entretient tant bien que mal ses amitiés continentales, tandis que Mouammar Kadhafi pourvoit à ses besoins : une Jeep blindée Mercedes, des stocks de pétrole et, une fois, 500 000 dollars, rapporte Blah, qui, bien qu’ambassadeur à Tripoli à l’époque, passe la majeure partie de son temps à Monrovia.
Mais l’idylle tourne court, Taylor reprochant au « Guide » de ne pas tenir certaines de ses promesses et ce dernier l’accusant de trahir les idéaux de la Révolution. « Compaoré [qui avait succédé à Thomas Sankara, NDLR] se plaignait beaucoup de Taylor », se souvient Blah, avant d’évoquer l’un de ses retours à Monrovia, après une mission à Ouagadougou, à bord d’un avion transportant une cargaison de fusils AK-47 et de grenades, soigneusement rangés dans des conteneurs portant des inscriptions en langue russe. Détail curieux, Blah rapportait de Ouaga un bélier qu’il destinait à sa ferme au Liberia.

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