Barrages : le grand gâchis

Le continent n’utilise aujourd’hui que 8 % de son potentiel hydroélectrique. Les grands projets ne manquent pas, mais ont été ruinés par la mauvaise gouvernance.

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Si elle était convenablement équipée de barrages et de centrales hydroélectriques, la République démocratique du Congo disposerait d’autant d’électricité que l’Allemagne. Un potentiel hydroélectrique de 106 000 mégawatts (MW), qui pourrait largement couvrir ses besoins et ceux de ses voisins. À elles seules, les chutes d’Inga, sur le fleuve Congo, à 225 km en aval de Kinshasa, pourraient produire autant que toutes les centrales gérées par la compagnie Eskom en Afrique du Sud (39 000 MW). Les professionnels caressent depuis longtemps ce projet de quatre barrages géants, nommé Grand Inga.
Le rêve a failli devenir réalité. En 1972, le barrage Inga 1 est entré en service, suivi d’Inga 2 dix ans plus tard. Leur construction a coûté 500 millions de dollars, à quoi s’est ajoutée l’installation, pour 1,5 milliard de dollars, d’une ligne à haute tension de 1 275 km pour distribuer l’électricité. On sait ce qu’il advint : mauvaise gestion, corruption puis guerreÂÂ Aujourd’hui, il faudrait 569 millions de dollars pour remettre en état les deux centrales d’Inga, avant de lancer les travaux de Grand Inga.
Autre gaspillage, quoique dans des proportions plus modestes, le barrage de Manantali, sur un affluent du fleuve Sénégal. Achevé en 1988, relié aux réseaux électriques du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie depuis 2003, il a coûté 212 milliards de F CFA (412 millions de dollars). Ce qui a permis de renforcer l’approvisionnement de Bamako, de Dakar et de Nouakchott. Hélas, à ce jour, les trois sociétés d’électricité doivent près de 40 milliards de F CFA à la Société de gestion de l’électricité de Manantali (Sogem). Avec, au moins, une conséquence : le gel des projets de construction de deux ouvrages similaires (Félou et Gouina) qui pourraient eux aussi fournir électricité propre et irrigation à la région.
Et l’on pourrait multiplier les exemples, comme le barrage de Cahora Bassa, sur le Zambèze, au Mozambique. Entré en service en 1975, paralysé puis saboté pendant seize années de guerre civile avant d’être remis en état à partir de 1992, il vient d’être racheté au Portugal par le Mozambique pour 950 millions de dollars. Sa puissance, de 2 000 MW, peut être portée à 3 600 MW. De quoi desservir les pays voisins, dont l’Afrique du Sud.
La Guinée, le Nigeria, le Soudan ou encore l’Éthiopie pourraient eux aussi être équipés de centrales hydroélectriques puissantes. Au total, cette source d’énergie propre pourrait couvrir largement les besoins en électricité du continent. À ce jour, seuls 8 % de ce potentiel sont exploités.

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