Alger renâcle

Le ministre français des Affaires étrangères tente de rallier l’Algérie au projet d’UPM cher à Nicolas Sarkozy. Pour le moment sans succès.

Publié le 19 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a eu cette formule pour décrire son séjour de quelques heures, le 12 mai, à Alger : « Fructueux, mais tout n’a pas été réglé. » Venu expliquer la démarche du président français, Nicolas Sarkozy, qui promeut la création d’une Union pour la Méditerranée (UPM), le French doctor savait que la mission serait particulièrement délicate. Ses interlocuteurs algériens ne font pas mystère de leur méfiance à l’égard de l’initiative, d’autant qu’ils ont appris que l’organigramme de l’UPM était quasiment bouclé : siège à Tunis, secrétariat général revenant au diplomate marocain Hassan Abouyoub et coprésidence confiée à Nicolas Sarkozy et à l’Égyptien Hosni Moubarak. Seul ce dernier point a été confirmé par Bernard Kouchner, les deux premiers étant encore au stade de la réflexion, a assuré le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse qui a clôturé sa brève visite à Alger. Lors du déjeuner de travail que lui a offert le président Abdelaziz Bouteflika, Bernard Kouchner a assuré son hôte que l’Algérie serait « un acteur majeur de l’UPM ». Il ne croyait pas si bien dire : il a reçu une quarantaine de propositions pour enrichir le document de préparation du sommet pour le lancement de la nouvelle entité, prévu à Paris, le 13 juillet. Il a surtout mesuré le chemin qui reste à parcourir pour surmonter les obstacles à la pleine adhésion de l’Algérie.
Hormis la Libye, le pays de Bouteflika est le seul d’Afrique du Nord à n’entretenir aucune relation avec Israël, membre de fait de la future UPM. La société algérienne est-elle prête à une telle éventualité ? Non, si l’on en juge par les réactions de la classe politique, proche du pouvoir ou de l’opposition. Difficile en effet d’imaginer Abdelaziz Bouteflika participant au sommet du 13 juillet aux côtés d’un Ehoud Olmert ou de son successeur si le Premier ministre israélien est emporté d’ici là par le énième scandale financier auquel il est mêlé. Autre préalable posé par les Algériens : la sempiternelle question de la libre circulation des personnes. Les Européens l’estiment prématurée. Faute d’avancée notable sur le dossier de l’UPM, Bernard Kouchner s’est rabattu sur les relations bilatérales pour donner des nouvelles autrement plus réjouissantes. Après la visite de la ministre française de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, il a annoncé celle de son collègue de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, avant la fin mai et celle du Premier ministre, François Fillon, le 6 juin. Les séjours des responsables français ont pour objectif de préparer le premier voyage de Bouteflika en France depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy. Cette visite devrait intervenir quelques jours avant le sommet du 13 juillet.

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