Libye : l’Amérique, terre de mission du maréchal Haftar
L’interminable crise libyenne et l’ambiguïté de la position américaine offrent un nouveau terrain d’action aux nombreux lobbyistes de Washington. Tour d’horizon des réseaux d’influence américains du Gouvernement d’union nationale et de Khalifa Haftar.
C’est un simple coup de fil qui a lancé la course à l’échalote. Quand Donald Trump prend son téléphone, ce 15 avril 2019, pour appeler Khalifa Haftar, chacun s’interroge, dans les couloirs du département d’État, de la CIA et du Sénat : l’imprévisible président américain va-t-il apporter son soutien à l’offensive déclenchée contre Tripoli par le maréchal libyen, lequel se prévaut déjà de l’appui de la Russie, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de la Jordanie ?
La Maison-Blanche a bien tenté de désamorcer la polémique en expliquant qu’il s’agissait simplement de discuter antiterrorisme et stabilité de la Libye. Mais l’inopiné coup de fil a levé un coin du voile sur le lobbying pro-Haftar dans la capitale américaine.
« Ces quelques minutes ont secoué tout le monde. Le chef d’État américain a effacé des mois de labeur intense », note Hafed al-Ghwell, spécialiste de la Libye et chercheur auprès de l’Université Johns-Hopkins, à Baltimore. « Les choses avançaient dans le bon sens pour le Gouvernement d’union nationale [GNA], de Fayez al-Sarraj », assure-t-il.
Après cet entretien téléphonique, le GNA a compris qu’il devait intensifier son action d’influence aux États-Unis. Que les opérations de lobbying – ou, plus pudiquement, de « consulting » – portaient leurs fruits. Et que, sous la présidence de Donald Trump, la politique étrangère se détermine presque davantage sur K Street, la rue qui abrite tout ce que la capitale américaine compte de think tanks, d’instituts de défense et de lobbyistes au service d’États étrangers, qu’au département d’État.
Sarraj conseillé par des proches de Trump
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