Harouna Ouibiga : « L’assainissement a toujours été le parent pauvre des politiques publiques »

Harouna Ouibiga, directeur général de l’Office national de l’eau et l’assainissement du Burkina Faso, décortique pour « Jeune Afrique » les enjeux du forum « Africa water » organisé à ougadougou du 12 au 14 juin.

Harouna Ouibiga est le directeur général de l’Office national de l’eau et l’assainissement du Burkina Faso. © AFD

Harouna Ouibiga est le directeur général de l’Office national de l’eau et l’assainissement du Burkina Faso. © AFD

Publié le 12 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Ouagadougou accueille du 12 au 14 juin le forum « Africa water » qui reunit environ 450 participants venus préparer le continent à parler d’une seule voix en matière d’accès à l’eau et d’assainissement et déterminés à faire de ce secteur une priorité pour la phase post-2015 des Objectifs du millénaire pour le développement. Harouna Ouibiga, directeur général de l’Office national de l’eau et l’assainissement du Burkina Faso décortique pour Jeune Afrique les enjeux de cet événement qui rassemble professionnels, décideurs, chercheurs, parlementaires et étudiants.

Propos recueillis à Ouagadougou par Nadoun Coulibaly

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Jeune Afrique : Quels sont les enjeux de ce pre-forum Africa water ?

Harouna Ouibiga : Cet événement est en quelque sorte un pré-forum pour le sommet mondial de l’eau qui se tiendra à Daegu en Corée du Sud en 2015. Il doit permettre aux africains de parler d’une même voix et surtout de faire admettre les priorités du continent en matière d’accès à l’eau et l’assainissement dans l’agenda post-2015 des Objectifs du millénaire pour le développement.

Cette rencontre est également l’occasion de partager des bonnes expériences et pratiques. À ce titre, l’Office national de l’eau et de l’assainissement du Burkina Faso communiquera ses réussites en matière d’assainissement, de distribution d’eau potable dans les quartiers périphériques des centres urbains. Plus de la moitié des pays africains n’atteindront pas les OMD en matière d’assainissement. Une poignée seulement atteindront les objectifs pour l’eau potable. Ce pré-forum va donc définir une stratégie commune de plaidoyer pour que ces deux secteurs soient retenus comme prioritaires.

En Afrique, 340 millions de personnes ont des difficulté d’accès à l’eau potable et 600 millions d’entre n’ont pas accès à un assainissement adéquat

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Pour quelles raisons ?

Nous voulons que l’eau et l’assainissement soient considérés comme prioritaires au même titre que la santé, l’éducation, l’agriculture pour la simple raison que 340 millions d’africains manquent d’eau et 600 millions d’autres n’ont pas accès à un assainissement adéquat.

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Reconnaître qu’il s’agit d’une priorité en matière de développement facilitera la mobilisation les ressources en donnant de la force au plaidoyer interne. Nous sommes par ailleurs conscients que l’eau est un secteur transversal de soutien à l’économie, à la production. Vous ne pouvez pas pratiquer de l’agriculture sans eau par exemple.

Comment expliquez-vous cet échec ?

L’assainissement a toujours été le parent pauvre des politiques publiques. Nos politiques dissociaient cette question de celle de l’accès à l’eau. Certaines communautés sont plus intéressées par le traitement des eaux pluviales que de disposer de latrines modernes. Nous devons, pour améliorer les indicateurs sur le continent, opérer un changement dans le comportement et la perception des acteurs publics et de la société. Mais, la mayonnaise tarde à prendre.

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Qu’en est-il du financement des infrastructures?

Ce forum est aussi un cadre de sensibilisation pour que nos partenaires adhérent au financement des infrastructures du secteur. Dans la mesure où les OMD n’ont pas été atteints, il faudra disposer de ressources pour réaliser les objectifs initiaux.

Les besoins d’investissement en infrastructures n’ont pas été clairement établis. Justement, ce forum vise à définir, documenter et chiffrer ces besoins. Je sais qu’au niveau du Burkina Faso, nos besoins d’investissement en infrastructures s’élèvent à 350 milliards de F CFA pour la période 2015-2030.

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