Vous et nous du 18/05/2003

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 6 minutes.

Dictateur, et après ?
Quand un soldat américain pointe son fusil sur un Irakien, je vois de la peur dans les yeux de l’Américain et de la colère et du défi dans ceux de l’Irakien. ça, c’est une chose qui me fait plaisir, et qui me fait regarder les États-Unis avec mépris. On peut tout reprocher à Saddam, on peut dire qu’il est un dictateur, on peut dire de lui ce que l’on veut. Mais on ne peut pas dire qu’il n’a pas instruit son peuple et modernisé son pays. Ce fils de paysans a donné à son peuple ce que bien d’autres régimes arabes n’ont pas donné au leur : l’éducation avec un E majuscule. On a parlé de ses palais, comme si un chef d’État arabe n’avait pas le droit, comme les autres, d’avoir un palais. Non, aux yeux des Occidentaux, un Arabe doit être un manoeuvre, un balayeur, pas un Saddam Hussein ! Dormez bien braves gens, dormez bien, la terre continue de tourner mais elle risque un jour de tourner sans l’Amérique à sa tête.
OUARDIA YAHIAOUI, France

La détaxe en Tunisie
Je voyage souvent à l’étranger et je fais également du tourisme intérieur pour connaître mon pays. Lors de mes déplacements en Europe, j’ai toujours profité de la détaxe à l’exportation dont je n’avais pas saisi le sens au début. La détaxe, c’est le remboursement par l’État de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Cette dernière est imposée aux citoyens résidents, nationaux comme étrangers. L’État se désiste ainsi de son droit en faveur des touristes. En somme, c’est un cadeau pour les inciter autant que possible à emporter avec eux des marchandises. Tout le monde y gagne : le visiteur et le pays. En Tunisie, une loi identique a été adoptée, mais elle n’est pas bien appliquée. Elle gagne à être mieux connue. C’est bon pour le tourisme.
MOHAMED-SAHEB ZAOUCHE
Tunisie

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Un Irak majeur
%La chute du régime de Saddam Hussein a mis fin à bien des mythes sur la nature des régimes arabes. La dictature a été unanimement mise à l’index, à l’exception de ceux qui considèrent que la démocratie est un produit américain voué au boycottage. Un Irak « démocratisé » sera-t-il considéré majeur et libre de choisir son armement pour assurer sa défense et son indépendance ? Sinon, les Arabes seraient-ils à jamais interdits d’avoir des « armes de destruction massive », des armes légitimes de dissuasion ? Ou bien la possession de ces armes restera-t-elle un monopole israélo-américain ?
MOHAMED ALOULOU, Tunisie

Un ATT centrafricain
L’unanimité qui se fait autour du président actuel du Mali doit être une source d’inspiration pour beaucoup d’hommes en tenue en Afrique. Le général Bozizé devrait rester au pouvoir le temps d’un mandat de transition. Il quitterait la scène et reviendrait aux affaires dans cinq ou sept ans. Ne soyons pas surpris d’assister en Centrafrique dans un futur plus ou moins lointain à la naissance d’un autre « ATT » (Amadou Toumani Touré).
ANNE TACHOM
Douala, Cameroun

Un miracle de survie
Je suis un fils de Cabinda (Angola), qui a étudié et grandi au Congo démocratique, mais une chose qui m’écoeure est la manière dont mon peuple est brimé. Depuis octobre 2002, il y a une présence massive des troupes angolaises dans la région de Mayombe, au Cabinda. Ces troupes se livrent à toutes sortes d’exactions : viols, séquestrations, tueries… Les Cabindais se demandent s’il existe même une ONU, une Union africaine pour venir à leur secours. Chaque jour qui passe constitue pour eux un miracle de survie.
JOBAT, France

La vérité sur Al-Saffah
Je suis un lecteur assidu de votre hebdomadaire que je lis depuis que j’étais étudiant à Paris en 1965. J’ai pu relever que vous n’avez jamais hésité, chaque fois qu’un article soulève des débats parmi vos lecteurs, à publier les positions contraires ou les rectifications. Je fais allusion à certains articles dont les auteurs, mal informés sur l’islam, commettent des erreurs aussi bien sur la doctrine que sur l’histoire de l’islam. J’ai lu à ce propos, avec beaucoup d’avidité et de respect, les mises au point du professeur tunisien Mohamed Talbi. Je tiens à apporter des éclaircissements sur un article publié dans votre n° 2205 (13-19 avril), sous le titre « Il était une fois Bagdad ». L’auteur prétend qu’Abou al-Abbas, dit Al-Saffah, c’est-à-dire « le sanguinaire », ou « l’exécuteur de basses oeuvres », était l’oncle du Prophète Mohammed et que la dynastie des Abbassides qui avait comme capitale Bagdad descendait en droite ligne de ce personnage. Permettez-moi d’affirmer que Abou al-Abbas s’appelait en réalité Abdoullah, qu’il est né près d’un siècle après la mort du Prophète et que, par conséquent, il ne pouvait pas être son oncle. L’oncle du Prophète s’appelait Al-Abbas, tout court, et c’est lui qui est l’ancêtre des califes Abbassides. Abou al-Abbas, dit Al-Saffah, auquel l’auteur fait allusion est, en fait, le premier calife des Abbassides, qui s’est donné lui-même, dans son discours d’intronisation, le surnom d’Al-Saffah pour intimider ses opposants.
AHMED KETTANI, Rabat, Maroc

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Réponse : il s’agit d’une
erreur de transcription. Nos
excuses à tous les lecteurs
et merci pour votre lettre.

Le choix de Seddik
À mes deux chers compatriotes et coreligionnaires, le simple lecteur que je suis aimerait les rappeler à plus de modestie et de respect mutuel (« Polémique », J.A.I. n° 2206). Car le sujet, l’islam en général et le Coran en particulier, touche un domaine sensible et passionnel, où le plus important n’est point de savoir, mais de croire. Le doute et l’interrogation critique et féconde de Youssef Seddik ne sont rien face aux certitudes du croyant Mohamed Talbi. Le Coran s’adresse à l’individu quel qu’il soit, où qu’il soit, directement, sans intermédiaires. Je ne peux donc m’associer à la condamnation de Seddik pour avoir écrit « sa » lecture personnelle du Coran. Sa traduction ne reflète ni l’éclat ni le magique des belles lettres arabes, mais cela ne diminue en rien la qualité scientifique de son travail assidu et acharné pour prouver (encore une fois) la parenté et la proximité des pensées arabo-islamiques et hellènes, ce qui est probable. De là à estimer qu’il y aurait des fondements grecs à la pensée et au texte coranique, il y a un pas de géant que je ne saurais franchir. Entre les tenants de l’inviolabilité du texte coranique et le livre courageux de Seddik, ma sympathie et mon amitié vont naturellement à ce dernier.
Hatem Cheriaa, Paris, France

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Haïtiens, debout !
Les opposants au pouvoir d’Aristide ne sont pas des Haïtiens « natifs natals ». S’ils savaient que les sanctions nourrissent la haine entre nous, s’ils savaient qu’elles tuent dans nos campagnes et bidonvilles, s’ils savaient que la stratégie du soulèvement populaire pour chasser Aristide du pouvoir entraînerait une guerre civile, je pense qu’ils n’agiraient pas ainsi. Mais que pouvez-vous faire face au poids de la communauté internationale et de l’argent ? Quel choix ferez-vous entre la misère éternelle et la vie d’un pacha pour quelque jour en donnant le sang de vos propres frères au diable ?
Je vous écris surtout pour rendre un hommage au peuple haïtien à genou. L’Histoire l’appelle sans cesse à se mettre debout. En effet, le 18 mai 1803, il y a deux cents ans, des Noirs, des mulâtres, des esclaves, des affranchis et même des Polonais ont créé, au nom de la liberté et de la fraternité, un drapeau pour symboliser leur union contre la traite négrière. J’espère qu’il sera, demain, le symbole du pardon pour tous les maux que nous avons infligés à nos propres frères. Joyeux anniversaire donc à l’un des premiers symboles africains dans le Nouveau Monde.
Odéël Dorceus, Paris, France

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