Un Tunisien dans le gotha du foot mondial
Publié le 19 mai 2003 Lecture : 3 minutes.
Tout le monde reconnaît sa grande classe et son irréprochable conscience professionnelle. Il est le chouchou des supporteurs et, pour Ronald Koeman, son entraîneur à l’Ajax d’Amsterdam, un élément essentiel à l’équilibre de l’équipe. À son poste (arrière latéral droit), c’est tout simplement l’un des meilleurs footballeurs évoluant en Europe. Pourtant, en dépit de sa remarquable campagne dans la Ligue des champions 2002-2003, Hatem Trabelsi n’est pas encore une star. Rien à voir, par exemple, avec un Roberto Carlos, le Brésilien du Real Madrid, dont le jeu ressemble pourtant étrangement au sien, comme le souligne un expert en la matière, un certain Michel Platini. Mieux : s’il est loin de posséder la frappe surpuissante de son aîné, il lui est indiscutablement supérieur dans le domaine défensif.
Pour le moment, la comparaison s’arrête là. Car si, à 26 ans, le talentueux Tunisien a déjà glané quelques titres aux Pays-Bas (doublé coupe-championnat en 2002), son palmarès est encore à des années-lumière de celui de Roberto Carlos, triple vainqueur de la Ligue des champions et champion du monde 2002 avec la Seleção brésilienne. Mais Trabelsi n’a pas voulu brûler les étapes. Un choix mûrement réfléchi avec son agent, l’ancien international tunisien Zyad Tlemçani.
On l’aura compris : il n’a rien d’un flambeur. Issu d’une famille nombreuse et peu fortunée, il est amoureux de Sfax, sa ville natale, et se fait de la vie une conception plutôt traditionaliste, que son séjour néerlandais n’a pas vraiment modifiée. Jusqu’ici, sa carrière s’est déroulée sans anicroche : débuts, dès son plus jeune âge, au Club sportif sfaxien (CSS), premier match en équipe senior en 1996-1997, victoire en Coupe de la CAF (Confédération africaine de football) en 1998, première sélection en équipe de Tunisie, quelques mois plus tard, lors du Mondial français (défaite face à l’Angleterre)… Et puis, en juin 2001, départ pour Amsterdam.
À l’issue de tests sévères, Co Adriaanse, l’entraîneur de l’époque, l’engage. L’aventure professionnelle commence. L’Ajax, c’est, bien sûr, le club le plus illustre des Pays-Bas, mais aussi, et surtout, une école du beau jeu et du spectacle. Son coach décide de le faire jouer sur le flanc droit de la défense : il possède en effet la toutes les qualités de base d’un latéral – concentration, sens du placement et de l’anticipation, efficacité dans la récupération de la balle -, mais se montre également capable de relancer le jeu de manière constructive et de monter en soutien de ses attaquants. De jouer comme un défenseur… offensif, en somme. Il est vrai qu’avec son gabarit qui n’a rien d’exceptionnel (1,79 m, 71 kg) et sa facilité technique on l’imagine mal dans le rôle du « démolisseur » au tacle assassin !
Trabelsi est au rendez-vous de la Coupe du monde Corée-Japon, en juin 2002, et, six mois plus tard, est retenu dans la sélection mondiale constituée à l’occasion du centenaire du Real Madrid. Hélas ! il se montre beaucoup plus brillant avec l’Ajax qu’avec la sélection nationale, où, de son propre aveu, il a du mal à trouver les relais et les appuis nécessaires pour pratiquer l’irrésistible jeu « en triangle » qui est la marque de fabrique du club d’Amsterdam. Il est vrai que, en cinq ans, six entraîneurs se sont succédé à la tête d’une équipe souvent trop prudente, au sein de laquelle il hésite à donner libre cours à son tempérament. Pourtant, quelle formidable base de lancement pour les attaquants il pourrait constituer avec Sélim Ben Achour et Imed Mhadebi. Remarquables techniciens, ces trois-là sont nettement au-dessus du lot des sélectionnés de Roger Lemerre.
Hatem, qui est papa d’une petite fille, intéresse les plus grands clubs européens et ne restera sans doute pas à Amsterdam. Il est annoncé à l’Olympique lyonnais, voire au Real, où son association avec Roberto Carlos sur les deux flancs de la défense madrilène devrait valoir le déplacement !
