Le Nepad veut repartir de l’avant à Dakar
Du 14 au 15 juin 2014 s’est tenu à Dakar le sommet du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad). L’occasion pour les responsables politiques de la région de réfléchir ensemble aux moyens de financer des projets d’infrastructures, trop peu nombreux à ce jour et en manque de financements.
En organisant les 14 et 15 juin à Dakar un sommet sur le financement des infrastructures en Afrique, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, également président du Comité d’orientation des chefs d’Etat et de Gouvernement du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), a voulu envoyer un message à ses pairs : le continent ne peut plus attendre.
« L’état des infrastructures en Afrique est catastrophique », a indiqué de façon plus directe Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), s’indignant de la situation du continent en matière de production d’énergie et de liaisons routières ou ferroviaires.
Avec cette conséquence : l’Afrique perd environ deux points de croissance (PIB) chaque année. Et deux ans après l’adoption du programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) par l’Union africaine, le Nepad, chargé de sa mise en œuvre, peine toujours à changer la donne.
L’Espagne à elle seule produit autant d’électricité que 48 des 54 Etats africains réunis
Quelques 38 milliards de dollars sur un total de 68 milliards manquent à l’appel pour boucler le budget des 51 projets prévus sur la période 2012-2020. En fait, selon la Banque africaine de développement (BAD), le déficit de financement dans ce domaine serait de plus de 40 milliards de dollars chaque année, dont 40% devrait être consacré à la seule production électrique. « L’Espagne a elle seule produit autant d’électricité que 48 des 54 états africains réunis », rappelle Carlos Lopes.
Seize projets mis en avant
Pour offrir un éclairage concret sur les besoins de l’ensemble du continent, seize projets régionaux, sélectionnés pour leurs impacts économiques potentiels, ont été mis en avant durant le sommet de Dakar. Dimanche 15 juin, les présidents du Bénin, du Nigeria et du Mali sont d’ailleurs venus personnellement apporter leur soutien à cette initiative.
La veille, devant plus de 250 représentants de délégations africaines et d’institutions comme l’UEMOA, la BCEAO et la Société financière internationale (IFC), mais aussi du secteur privé, les intervenants avaient préconisé au cours de travaux préparatoires un certain nombre de pistes pour faciliter la réalisation des infrastructures manquantes.
Financements innovants
Du recours accru à l’émission d’emprunts obligataires sur les marchés régionaux et internationaux, en passant par la création de fonds souverains ou la mobilisation de l’argent envoyées sur le continent par la diaspora comme l’a fait l’Ethiopie pour le méga barrage Renaissance, l’Afrique doit sophistiquer ses plans de financement, ont-ils rappelé.
Selon les participants au Forum de Dakar, l’Afrique doit sophistiquer ses plans de financement
Les partenariats publics (PPP) doivent être aussi privilégiés. « Le Sénégal a innové dans ce domaine en permettant aux entreprises de proposer des PPP non sollicités par l’Etat » a expliqué Thierno Alassane Sall, ministre sénégalais des Infrastructures et du Transport routier. Pour convaincre le secteur privé d’investir davantage, Ibrahim Assane Mayaki, secrétaire exécutif du NEPAD, a rappelé l’importance d’avoir des cadres réglementaires stables, harmonisés, des processus de décision transparents, et des risques mieux répartis entre les Etats et les entreprises. Quitte à scinder les projets les plus importants pour les rendre plus attractifs. Autant d’engagements qui ont été inscrits dans l’agenda de Dakar dédié à l’action adopté le 15 juin au terme de l’événement.
Revenus
Reste que moins de 10 % des projets d’infrastructures sont susceptibles de générer des revenus importants et donc d’intéresser le secteur privé. Ce qui impose plus que jamais une détermination forte des dirigeants politiques africains pour instaurer une réelle coopération au niveau régional et à mobiliser des ressources internes.
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« Cela passe par une rationalisation des dépenses dans chaque pays pour pouvoir augmenter la part des budgets consacrés aux infrastructures », a reconnu Macky Sall. Certaines réalisations démontrent toutefois que c’est possible a insisté Ibrahim Assane Mayaki : « La liaison entre Lagos et Alger, 4500 km de routes, est quasiment terminée. Cette réalisation a été principalement financée par des fonds publics, avec l’appui sur certains tronçons de la BAD. Il ne manque que 80 km au nord du Niger. Quand cela fonctionne, il faut le dire », a-t-il martelé, conscient qu’il faudra encore attendre quelques mois pour être certain que le sommet de Dakar aura porté ses fruits.
Engagements
Au moment de clore le sommet, Macky Sall a assuré vouloir lui même pousser l’ensemble des dirigeants politiques africains à ne pas oublier leurs engagements, notamment concernant les 16 projets présentés lors de l’événement. Un premier rappel devrait avoir lieu lors de la prochain sommet de l’Union africaine organisé à Malabo du 20 au 27 juin.
Pour accroître l’efficacité des dispositifs institutionnels, il a également souhaité que la BAD mène pour le compte du Nepad les études préparatoires à la réalisation des projets et que cette dernière puisse créer un réseau d’experts en lien avec la Banque mondiale. En revanche, aucune annonce n’a été faite concernant le financement des fonds encore manquants pour la réalisation du programme PIDA. Ce qu’il faut ce sont d’abord de bons projets, les financer, ensuite, n’est pas si compliqué, a rassuré Macky Sall pour conclure.
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