Trop, c’est trop !

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Les Congolais vont finir par nous faire regretter Mobutu. Six ans après la chute et la mort du dictateur, la République « démocratique » du Congo, un pays grand comme quatre fois la France et riche comme nul autre sur le continent africain, se complaît à donner le mauvais exemple. Sa population est prise en otage par une classe politique irresponsable, majoritairement incompétente et corrompue, et par des chefs de guerre sadiques qui, chacun dans leur principauté, régentent, violent, tuent, massacrent et, avec la complicité de pays voisins, exploitent les richesses du sous-sol pour alimenter un conflit d’un autre âge.
Le drame qui se déroule en ce moment en Ituri, province congolaise du Nord-Est frontalière de l’Ouganda, quelques semaines seulement après la signature en Afrique du Sud d’un « accord de paix », apporte la confirmation, si besoin était, de la délitescence de l’ancienne colonie belge, devenue un État-patchwork, toujours occupé, en dépit des dénégations, par des troupes étrangères. Enfants égorgés, femmes enceintes éventrées avec une bestialité rare, réfugiés massacrés, écoles et dispensaires attaqués. « Ce à quoi j’ai assisté, ces jours-ci, soulève le coeur, raconte au téléphone un témoin privilégié coincé à Bunia, le chef-lieu de l’Ituri. J’ai vu des bébés égorgés à l’arme blanche, des enfants-soldats drogués se livrer au dépeçage de leurs victimes. […] Ici, c’est l’enfer, un condensé de toutes nos tares : le sous-développement, l’ignorance, la misère, la haine, les jalousies, les rumeurs malsaines, la démission et le manque de dignité de nos politiciens véreux. À Bunia, le drame du Congo et, au-delà, celui d’une partie de l’Afrique, s’exprime dans toute son horreur. »

Devant cette furie macabre, l’Ouganda se frotte les mains. Puissance occupante depuis 1998, ce pays a retiré ses troupes de l’Ituri le 6 mai dernier. Du moins, sur le papier, car Kampala, qui, au gré de ses intérêts, a toujours alimenté la haine ancestrale que se vouent les Hemas et les Lendus, deux peuples de la région, a laissé aux uns et aux autres, en partant, assez d’armes et de munitions pour « mettre de l’ambiance ». Le gouvernement congolais n’est pas en reste. Selon nos informations, Kinshasa a dépêché sur place, quelques semaines avant les événements, de faux policiers – en fait des soldats d’élite (sic) – chargés officiellement d’aider les Casques bleus uruguayens à assurer la sécurité à Bunia. Mais ces éléments de la « police nationale congolaise », les premiers à prendre la poudre d’escampette, avaient en réalité pour mission de livrer des armes à l’une des deux parties en conflit.
L’Ituri, pour son malheur, possède des mines d’or et de diamant, mais aussi un minerai rare, le coltan. Et on y a découvert récemment d’importantes nappes de pétrole. Autant dire que la province n’est pas près de retrouver sa sérénité.

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