Trabant : le retour ?

Symbole de l’ex-Allemagne de l’Est, la voiture pourrait être à nouveau fabriquée et vendue dans les pays en développement.

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 3 minutes.

Voiture culte tout droit venue d’Allemagne de l’Est, la Trabant renaît de ses cendres. Un groupe constitué autour de Sachsenring Fahrzeugtechnik GmbH, son ancien fabricant allemand, veut ressusciter ce grand classique de l’époque de la guerre froide et le populariser dans les pays en développement. Il espère que la technologie créée de l’autre côté du rideau de fer stimulera la révolution industrielle dans les vastes étendues africaines. Peter Mandos, l’un des initiateurs du projet, veut, d’ici à 2005, faire de l’Africar un véhicule utilitaire, n’utilisant qu’une faible technologie et vaguement calqué sur le modèle de la Trabant.
Démodée dès sa commercialisation en 1958, celle-ci est devenue au fil des années le symbole du retard communiste. Un symbole dont les ventes étaient de toute façon assurées par les commandes d’une économie étatique. Faute de velléités modernisatrices, la petite voiture aux lignes anguleuses n’a pas changé jusqu’à ce que sa production s’arrête, en 1991.
Depuis, son prestige n’a fait que croître, soutenu par une vague de nostalgie pour le bloc soviétique. Le groupe de rock U2 a même utilisé des Trabant suspendues à des grues comme projecteurs durant l’un de ses concerts. Sur Internet, en Allemagne et même ailleurs, des douzaines de fans-clubs sont apparus, tous dédiés à la Trabant. À Berlin, des sociétés proposent des promenades dans la capitale au volant du véhicule mythique et en louent moyennant 22 euros par heure. Tout un commerce s’en nourrit encore : le site allemand d’E-Bay propose plus de 1 300 références (essentiellement des accessoires).
Elle était, il est vrai, un modèle de simplicité : le carburant circulait sous la seule pression de la gravité ; l’huile était directement ajoutée à l’essence pour lubrifier son moteur à deux temps, semblable à celui d’une tondeuse à gazon, et le niveau du carburant était contrôlé grâce à une jauge. Une simplicité qui peut profiter au monde en développement : l’homme d’affaires Peter Mandos en est persuadé. La Trabant est accessible, facile à entretenir et presque unkaputtbar. Autrement dit, presque incassable. Seul inconvénient : les moteurs à deux temps sont connus pour être plus bruyants et plus polluants qu’un traditionnel quatre-temps.
L’Africar n’est encore qu’un projet. Ses concepteurs voient en elle un moyen de transport simple, mais robuste. Elle rappellerait vaguement la Ford T qui a familiarisé le peuple américain avec l’automobile dans les années 1920 . La nouvelle Trabant, à mi-chemin entre la voiture, le petit camion et le tracteur, ne pourrait pas dépasser les 100 km/h, aurait une charge utile raisonnable et pourrait, avec un même plein de carburant, parcourir entre 600 km et 800 km.
Elle serait d’abord lancée en Afrique du Sud, où le revenu par habitant avoisine les 8 100 euros par an ; elle serait commercialisée pour environ 3 000 euros, soit moitié moins cher que la Fiat Uno Mia, la voiture la moins chère du marché, selon le site sud-africain CARtoday.com. Peter Mandos estime déjà que les ventes approcheraient les dix mille véhicules la première année. Le groupe Africar, qui comporte une douzaine de membres, apporterait technologie et savoir-faire à une main-d’oeuvre locale qui, sur place, utiliserait des matériaux locaux. L’idée est en fait de promouvoir le développement économique de deux manières : en créant une usine en Afrique et en favorisant les flux de biens et de personnes.
Pour éveiller l’intérêt et attirer les capitaux, Peter Mandos, qui finance une partie du projet de sa poche, et deux employés de Sachsenring, Roman Winkler et Gernot Sammet, devaient présenter leur projet aux participants d’un forum économique allemand, début mai. Mais tout reste à faire. L’Africar doit d’abord prouver qu’elle est viable, et l’étude de faisabilité coûte, à elle seule, 1 million d’euros. Ses résultats seront connus au début de l’année 2004. Mandos approchera ensuite des investisseurs potentiels pour réunir les 80 millions d’euros nécessaires à la construction d’une usine en Afrique.

© Dow Jones & Company et J.A./ l’intelligent 2003. Tous droits réservés.

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