Journal de l’Après-guerre

Publié le 19 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Ceux qui ont aidé les États-Unis dans leur guerre en Irak ont été vite récompensés. Une loi de finances complémentaire, signée par George W. Bush le 25 mars, prévoit un budget global de 23,3 milliards de dollars d’aides exceptionnelles aux pays « amis ». À titre comparatif, ce montant dépasse le montant total de l’aide américaine à l’étranger votée pour l’année prochaine (20 milliards de dollars). Il représente quarante fois le montant des secours approuvés à ce jour par les États-Unis en faveur de l’Irak : 577 millions de dollars, dont 435 millions en nature (produits alimentaires). Les victimes de la guerre reçoivent beaucoup moins que les alliés, qui ont, d’une façon ou d’une autre, facilité la guerre.
Le premier d’entre eux, la Turquie, est « payé » pour ne pas avoir envahi le Kurdistan irakien. Le 26 mars, le général turc Hilmi Özkök a confirmé qu’aucune action militaire turque ne sera entreprise au nord de l’Irak sans l’aval des États-Unis. En échange, le président Bush a alloué à la Turquie deux enveloppes : 1 milliard de dollars en free money (vaguement destinés au soutien économique) et 8,5 milliards de dollars en garantie de prêts consentis par les banques américaines (cette garantie permet de réduire au maximum les commissions et les intérêts bancaires). Si la Turquie avait autorisé l’infanterie américaine à passer par son territoire (pour attaquer l’Irak par le Nord), elle aurait reçu 24 milliards de dollars. Finalement, l’armée américaine n’a vraiment pas eu besoin de ce « front Nord ». Ce qui l’intéresse maintenant, c’est éviter une annexion du Kurdistan irakien par la Turquie. Pour cela, Bush a débloqué 9,5 milliards de dollars.
Israël, qui habituellement détient le record en la matière, se consolera avec 9 milliards de dollars de prêts garantis, une somme qui s’ajoute à l’enveloppe annuelle (2,6 milliards de dollars pour 2004).
L’Égypte arrive en troisième position. Son opposition de façade à la guerre lui permettra d’encaisser 300 millions de dollars en free money et 2 milliards de dollars en prêts garantis. Ce qui représente quand même plus qu’une année normale (1,9 milliard de dollars en 2004).
Quatrième, la Jordanie recevra 700 millions de dollars (soutien économique) et 406 millions en prêts, soit au total deux fois plus qu’une année normale (500 millions).
Enfin, le président Bush qui a la haute main sur ce budget « complémentaire », n’a pas dit comment il allait répartir le reste entre le « Pakistan et les autres pays » (1,4 milliard de dollars).
Superpuissance militaire, les États-Unis sont les seuls capables de mobiliser en un tour de main de 20 milliards à 25 milliards de dollars d’aides d’urgence, soit 50 % de l’aide mondiale annuelle au développement.

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